Censure

La fascination africaine pour le modèle rwandais : Le choix difficile entre l’homme fort et les institutions fortes (Par Souleymane Traoré)

L’Afrique entière et une bonne partie du Monde, sont aujourd’hui, sous le charme des progrès réalisés par le Rwanda post-génocide, sous le leadership du Président Paul KAGAME. Et à juste titre :

Ce petit pays continental et surpeuplé, qui a compté jusqu’à un million de morts suite à la tragédie du Génocide, était retourné brusquement à la préhistoire.

Par la volonté éclairée d’un grand leader, d’un homme de Fer pour emprunter le titre d’un livre-entretien qui lui a été consacré par François Soudan, le pays s’est relevé et apparaît aujourd’hui comme l’un des plus importants pôles de développement du continent : santé et école pour tous, propreté, respect de l’environnement, meilleur laboratoire africain des nouvelles technologies, tourisme de luxe,…

Le respect des libertés individuelles et de la démocratie, selon les critères occidentaux, sont relayés au second plan et aux calendes grecques, sans critiques sérieuses de ce qu’on appelle la Communauté internationale.

Pourquoi une telle fascination et une telle indulgence, et surtout, le modèle est-il reconductible ailleurs sur le Continent, à considérer qu’il soit souhaitable ? Et enfin, le modèle peut-il survivre à son auteur ?

L’homme en général et l’Africain en particulier, de par sa culture familiale et la tradition des royaumes et empires, est attiré et fasciné par les Hommes Forts. Ce sont ces hommes qui font la force et le rayonnement des institutions, contrairement à l’opinion de Barack Obama, selon laquelle l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts.

Il semble que nous soyons donc séduits autant par les performances économiques et sociales de Paul Kagamé que par notre penchant pour la dictature ou plutôt le pouvoir fort, omniprésent et sans partage d’un homme, de surcroît bon gestionnaire et simple dans la vie.

Les Guinéens ont connu avec Sékou Touré un pouvoir similaire avec en plus une aura rare sur le plan national et international, mais sans certainement les mêmes résultats économiques que le Rwanda ainsi qu’un passif humain sur lequel 30 ans après, nous sommes incapables de nous regarder en face et d’avoir un débat serein. La mort de cet Homme fort a entraîné la mort de son régime politique et nous avons jeté à l’eau les défauts et les qualités. Les peuples ne peuvent supporter sur une trop longue durée, la reconduction par un autre d’un pouvoir aussi fort. Il est à souhaiter que le génial Kagamé puisse organiser une transition vers la suite avec la garantie de la préservation des acquis, qui en cas de changement brusque de pouvoir, pourraient être perdus.

Quant à la reconduction du modèle, il paraît quasi impossible : des dictatures et des tyrannies existent, d’autres viendront avec les vicissitudes de l’Histoire mais le leadership éclairé d’un Kagamé n’est pas commun.

Le modèle de démocratie occidental que nous avons adopté ou qui nous a été imposé avec un mimétisme intégral, s’est accompagné, surtout dans les pays francophones, d’incivisme, de corruption, de désordre, d’indiscipline, de clientélisme, d’achat de consciences et de votes. C’est ce qu’il faut corriger et pour cela nous devons tous en emprunter au Rwanda de Paul Kagamé.

Il n’y aura pas de développement dans l’indiscipline et le désordre. L’exigence d’un Etat fort et démocratique, qui sanctionne pour tous et de manière impersonnelle les violations de la Loi, est une exigence de développement et de cohésion sociale.

Il est à souhaiter, dans tous les pays où les élections sont programmées périodiquement, qu’une fois cette parenthèse close, l’ordre républicain s’impose visiblement et sans compromission.

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