Les mariages précoces et forcés sont légion dans le Foutah et ce, malgré les efforts menés ces dernières années par des ONG qui défendent la cause des jeunes filles. A Kouramangui, une sous-préfecture de Lélouma, une jeune fille (mineure) a été chassée par sa famille, pour avoir refusé de se marier avec son cousin. L’histoire pathétique de Mariam, est malheureusement la triste réalité de plusieurs jeunes filles dans cette région.
Face aux différentes pressions de sa famille depuis plusieurs mois, Mariam a finalement décidé de quitter le village, ce mercredi 14 octobre, pour se rendre à Labé, et y devenir une travailleuse domestique.
« Il y a deux ans que mes parents m’ont proposé un mariage avec mon cousin. A l’époque j’avais 14 ans, j’avais accepté. Mais au fil du temps, j’ai fini par me décourager et je l’ai dit à ma mère, que je ne voulais plus de ce mariage. Ma mère m’a dit qu’obligatoirement, c’est avec lui que je dois me marier et que si je refusais, de quitter la maison. Maintenant, il y a quelques mois, les parents de mon cousin en question ont informé les miens qu’ils étaient prêts pour la célébration du mariage. Ma mère m’a informée et j’ai répété que je ne suis pas consentante, elle a encore dit que c’est obligatoire. Heureusement pour moi, les frontières du Sénégal ont été fermées, puisque mon cousin réside au Sénégal. Maintenant avec la réouverture des frontières, on remet le problème sur la table. Mais moi, je maintiens ma décision, je ne veux pas me marier avec lui, puisque je ne l’aime pas et comme ma mère dit que si je ne fais pas ce qu’elle dit, de quitter la maison, c’est pourquoi je suis venue à Labé pour chercher du travail pour pouvoir vivre. J’ai abandonné l’école, il y a plus de trois ans. Actuellement, je fais la couture, mais je peux travailler pour les gens dans les foyers, juste pour pouvoir vivre en paix. Je vous demande de m’aider. Certaines de mes copines m’ont même relaté des faits comme quoi, il y a certaines filles, quand on les oblige de se marier, après le mariage, elles peuvent même tuer leur époux ou en tout cas créer des problèmes. Mais pour ne pas en arriver là, je préfère ne pas me marier avec quelqu’un que je n’aime pas », nous a-t-elle confié.
Jointe au téléphone, la mère de Mariam a, pour sa part, confié ceci : « C’est elle qui avait dit qu’elle était consentante, elle ne peut pas attendre la dernière minute et dire qu’elle ne veut plus. Ce serait une grosse déception et en plus comment pourrais-je vivre avec le voisinage désormais. Son père n’est pas là, en plus je ne l’ai pas chassée de la maison. Comme elle est à Labé, j’irai la prendre ».
Même au cas où le mariage serait annulé, Mariam n’entend plus retourner au village, de peur d’être méprisée par le voisinnage et même sa famille. « Moi je ne veux plus repartir au village, parce que je sais ce que les gens vont raconter après. Donc, je voudrais avoir du travail ici et y rester définitivement ; je vous prie de m’aider ».
La jeune fille a été placée dans un foyer par la direction préfectorale de l’Action sociale, en attendant l’arrivée de sa mère à Labé, pour trouver une solution.
Sam Samoura pour Guinee7.com