Dans une interview accordée à notre rédaction, Albert Damantang Camara, ministre de la Sécurité et de la protection civile, revient sur l’attaque de la prison civile de Kindia, mais aussi sur l’interdiction de sortie de Sidya Touré, entre autres. Interview.
Monsieur le ministre, les événements de Kindia ont-ils un lien avec le scrutin du 18 octobre 2020 ?
A priori non. De toute façon, il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives. L’armée a déjà communiqué sur cet événement et elle va continuer à le faire. Les personnes qui avaient pris des armes et s’étaient attaquées à la prison civile de Kindia ont été mises en déroute et neutralisées. Les enquêtes en cours nous permettront de savoir les motivations de ces actes.
A la suite des affirmations du président de la République sur des menaces venant de pays limitrophes, d’autres sources font état de menaces extérieures. Vous confirmez ?
Ces informations sont sérieuses et concordantes. Nous sommes d’ailleurs sur la piste d’armes qui ont été introduites sur le territoire national à partir de la Guinée-Bissau. Nos services sont à la tâche.
Ce sont des affirmations graves…
C’est la réalité. Mais nos services de sécurité veillent.
Est-ce dans le cadre de ces menaces que monsieur Sidya Touré a été empêché de quitter le pays ?
Il s’agit d’une enquête judiciaire en cours pour laquelle la Justice a demandé que tous ceux qui sont concernés restent disponibles. C’est suffisamment sérieux pour que l’on ne prenne aucun risque.
M. Sidya Touré est donc impliqué dans une affaire relevant de la Justice ?
L’instruction qui est en cours nous en dira plus. C’est tout ce que je peux vous dire pour l’instant.
Plusieurs acteurs politiques contestent votre interdiction de publier des résultats en dehors de la CENI et de la Cour Constitutionnelle. Que répondez-vous ?
C’est pourtant simple, seule la CENI et ensuite la Cour Constitutionnelle ont la compétence et le pouvoir de donner les résultats de l’élection. Parler à leur place n’est pas concevable. C’est à leur niveau qu’on centralise les résultats, qu’on gère les contentieux, qu’on corrige les erreurs, et qu’éventuellement certains bureaux de vote peuvent être annulés, c’est toujours à ce niveau qu’on consolide les résultats avant de les proclamer définitivement. On n’est pas en train de parler de sondages au sortir des urnes, d’affichage de Pv dans les bureaux de vote ou des résultats partiels ou localisés. On parle des résultats finaux de l’élection!
Ceux qui font semblant de ne pas comprendre seront traduits devant les tribunaux et la Justice nous départagera. On construira ensemble la jurisprudence en la matière.
Je remarque cependant une chose. Ceux qui contestent cette annonce appartiennent quasiment tous au même camp. Ce communiqué a le mérite d’identifier dès maintenant ceux qui ont l’intention de proclamer les résultats avant les instances officielles.
Craignez-vous des violences au cours de ce scrutin ?
Depuis 2010, cette élection est celle qui comporte le moins de points de divergences avant le scrutin. Il y a certes cette question des PV que personne n’avait vu venir mais j’ai vu que la CENI a trouvé une solution avec les candidats.
Donc en ce qui concerne la sécurité jusqu’au vote et pendant le vote, il ne devrait pas y avoir de problèmes majeurs.
Par contre il est vraiment regrettable que le candidat de l’UFDG déclare qu’il ne reconnaîtra pas son éventuelle défaite et qu’il n’appellera pas à l’apaisement si des troubles éclataient. Nous avons attiré l’attention de la communauté internationale sur ces déclarations. On risque de revenir dans la configuration du scrutin du 22 mars où l’opposition avait clairement appelé à la violence. Quand vous ajoutez à cela la stratégie assumée par l’UFDG d’avoir un système parallèle qui lui permettra de proclamer ses propres résultats, vous pouvez aisément imaginer les réelles intentions de ce candidat. Cette voie est sans issue. Encore une fois, il y des institutions habilitées à proclamer les résultats définitifs et il y en a d’autres habilitées à recueillir et gérer les contestations. Ces instances agissent sur la base des textes qui nous régissent tous. Toute action en dehors de ce cadre est sans issue. Je souhaite que tout le monde le comprenne.
Interview réalisée par guinee7.com