Le président Alpha Condé veut « gouverner autrement ». Il a annoncé publiquement vouloir lutter farouchement contre l’impunité, la corruption, le détournement des derniers publics notamment. Bref, s’escrimer sur là où il a pêché pendant les dix dernières années de son pouvoir.
Alpha Condé, dans cette logique, a besoin du soutien de tous. Il a déjà celui de l’opinion qui s’est largement exprimée lors de la présidentielle du 18 octobre dernier et de par l’engouement qu’elle a manifesté pour la vérité depuis l’affaire dite des 200 milliards GNF (Nabayagate). Et, heureusement, la jeunesse de son parti le soutient également dans la recherche de la vérité dans cette affaire.
Mais le président a aussi besoin de l’appui de son entourage et surtout celui de son gouvernement. En effet, la solidarité gouvernementale devrait s’exprimer par un soutien total au chef de l’Etat dans sa croisade contre la corruption et le détournement des derniers publics et non en faveur d’un membre du même gouvernement, suspecté de prédation. Il faudrait à ce niveau revoir la notion de solidarité gouvernementale…
Et contrairement à ce qu’on fait croire, ce n’est pas un « léger démenti » officiel d’un gouvernement, apparemment embarrassé, et les menaces à peine voilées à l’endroit de la presse qui rassureront les bailleurs de fonds. C’est plutôt la suite à donner au dossier et les gages de transparence que peut donner le gouvernement dans son traitement.
Un homme public, qui qu’il soit, doit s’attendre à ce qu’à un moment ou un autre une avalanche de critiques s’abatte contre sa personne. En l’espèce, le meilleur remède est de faire pièces de toutes les allégations, en affichant sereinement ses arguments et ses preuves, sans vouloir noyer le poisson dans ce qui pourrait être perçu comme une fuite en avant.
Dans cette affaire qui focalise l’attention de l’opinion, la presse, tout au moins celle qui est à la recherche de la vérité et non pas celle qui veut se transformer en pion de clans antagonistes, n’a d’autre choix que de jouer son rôle.
A la fin des années 90, quand la presse écrite était au sommet de son art, un journaliste dont nous tairons le nom pour ne pas lui faire l’injure de l’autopromotion, écrivait avec talent ceci : « Si tu écris pour ne déranger personne, jette ta plume ! Si tu écris pour plaire à tout le monde, jette ta plume ! ». Car on ne le sait que trop ; la presse est faillible ne serait-ce que par la qualité de certaines de ses sources d’informations qui peuvent tenter de la manipuler à leur profit. Ne nous attardons même pas sur la mauvaise réputation de nombre de nos confrères qui, malheureusement, font l’erreur de négliger la vraie information au profit de leur propre personne.
Néanmoins, cela ne devrait pas nous détourner de notre devoir d’informer le public, avec le maximum de rigueur humainement possible et de bonne foi. N’oublions pas que c’est la mauvaise foi qui est la chose la plus condamnée dans ce métier ! Toute autre perception n’est que distraction inutile et ruine de l’intérêt supérieur du pays.
Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com