L’Association des victimes du camp Boiro (AVCB), pour commémorer le cinquantenaire des « purges » qui ont eu lieu en Guinée, en 1971, a fait une marche, ce lundi.
Arborant des tee-shirts rouges flanqués du slogan « Plus jamais ça », la soixantaine de personne, sous la conduite d’une fanfare, est partie de la devanture du night-club MLS, pour se rendre sur le pont de Moussodougou, où ils ont procédé à la pose symbolique d’une gerbe de fleurs, et observer une minute de silence à la mémoire des victimes du tristement célèbre Camp Boiro.
Dans la déclaration de circonstance lue par Abdoulaye Conté, cette association déclare être aujourd’hui encore dans l’incompréhension de ces actes. « Cela fait plus de 50 ans que des Guinéens appartenant à toutes les familles sont dans des fosses communes. Les graves purges perpétrées par le PDG et son leader Sékou Touré laissent encore des milliers de familles en deuil, en larmes, dans la souffrance. Des tueries massives, violentes, inhumaines, suite à des condamnations extrajudiciaires, dans l’irrespect total des lois de notre pays, qui ont commencé en 1959, s’exacerbèrent en 1971 jusqu’en 1983. Comment peut-on haïr ses élites, les premières personnes ressources d’un pays nouvellement libéré de la colonisation ? Qu’est-ce qui peut justifier ces éliminations physiques et la réduction des familles à l’état de pauvreté ? Après 50 ans, nous n’avons pas encore la réponse », s’est-il interrogé.
Ensuite, au nom des victimes et fils de victimes de toutes ces répressions, il a invité « l’autorité à se pencher sur cette page douloureuse de notre histoire. Il est temps de mettre fin à l’omerta savamment entretenue. Il est temps que la vérité et la justice réconcilient les Guinéens avec leur passé. Ce passage ne saurait être travesti par le mensonge entretenu par le PDG et son leader Sékou Touré. »
Après avoir présenté le Premier ministre, Dr Ibrahima Kassory Fofana, le ministre d’Etat, ministre de la Défense, Dr Mohamed Diané, le ministre du Commerce, Boubacar Barry, le ministre secrétaire général de la présidence, Kiridi Bangoura, le ministre des Mines, Abdoulaye Magassabou et le vice gouverneur de la BCRG, Baïdy Aribot, comme des proches de victimes du camp Boiro, il les a invités à réagir. « Messieurs les membres du gouvernement, vos pères, vos oncles, vos frères, nos pères n’ont jamais été des traîtres contre la Guinée. C’étaient des hommes bien éduqués, bien formés, des hommes d’honneur. Ils n’ont pas leurs places dans les fosses communes. Ils doivent être réhabilités. Les charniers doivent être mis à la disposition des familles, afin que les sépultures dignes puissent être construites pour eux. Chaque Guinéen est concerné par cette histoire douloureuse. C’est pourquoi notre appel à la vérité et à la justice, pour un véritable « PLUS JAMAIS ÇA », a besoin d’être entendu », a-t-il déclaré.
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com