En nous faisant la promesse de « gouverner autrement », après dix ans passés au sommet de l’Etat, le président Alpha Condé, implorait à un peuple exaspéré une ultime chance de réparer les couacs de la décennie précédente et, au passage, ceux de ses prédécesseurs.
Force est de le reconnaître, une grande partie de Guinéens, portant son président dans son cœur, commençait à parier sur un changement, quand son souffle fut coupé net par le « Nabayagate », abondamment relayé par la presse.
Au regard du traitement réservé jusque-là à cette affaire, et plus tard par la couleur étonnante du gouvernement, les plus euphoriques d’entre nous ont failli avaler leur chapeau. Tant d’efforts fournis pour que tout reste bien immobile ! Tout ça pour ça…
Sans doute pour effacer la déception de ses propres partisans, et dans un exercice hallucinant de justification -ce qui est pour l’occasion une faute de communication !-, le président Alpha Condé a voulu effacer le malaise par… un long et beau discours.
Si on voulait fournir à ses adversaires et critiques les arguments prouvant que les signaux sont mauvais, on ne s’y prendrait pas autrement. Quel est l’intérêt d’un tel discours, prononcé à postériori, comme si on était conscient que la salve d’applaudissements attendue s’était muée en clameur publique ?
En prenant sur lui le risque de reconduire l’écrasante majorité de son gouvernement, en y maintenant des personnalités à l’image écornée par des soupçons de corruption, le chef de l’Etat, aiguillé sans doute par de mauvais conseils, a provoqué un doute légitime chez ceux qui avaient cru en son merveilleux slogan.
La situation actuelle est pourtant aussi simple à régler par les actes que compliquée à résoudre avec des mots. Le changement de comportement, appelé par un président volontariste, entre certes dans la logique des choses, mais il nous semble clair, qu’en attendant, le besoin d’exemplarité devrait amener Alpha Condé à imposer ce changement-là au sein même de son entourage.
Car en définitive, l’affaire « Zenab Nabaya », si elle n’est pas remise courageusement sur la table et traitée avec sérieux, restera comme un poison lent sur le reste des années de pouvoir d’Alpha Condé.
« Le pouvoir ne se plaint pas. Il n’en n’a pas besoin» ! disait un penseur avisé.
Dès lors, ne pas faire le choix d’un changement radical et tangible dans les faits, c’est de choisir la mort, in fine, de 16 années de gouvernance qui aurait pu être remarquables en épousant un seul mot : agir.
Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com