Censure

Mois de la femme : A la rencontre de Fanta Kaba, la seule femme arbitre guinéenne dans l’élite A de la CAF

Le sifflet guinéen est peu, ou presque pas représenté sur le continent africain. Pis, en Guinée, comme dans plusieurs autres pays, l’arbitrage est considéré comme un métier d’homme. Ce qui explique le faible taux de femmes arbitres dans le pays. Dans cette situation, Fanta Kaba, la trentaine, sort du lot avec fulgurance.

Détentrice d’un master en Histoire, et actuellement professeure assistante au département d’histoire à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, Fanta Kaba a débuté sa carrière d’arbitre dans les années 2004 à Labé, avant de rallier Conakry en 2009, où elle réside depuis. Dans un entretien qu’elle nous a accordé, elle affirme être actuellement,  l’unique arbitre guinéenne à officier dans l’élite A de la CAF.

 « Femme-arbitre », mal perçu !

« Aujourd’hui, je suis arbitre internationale, mais j’avoue que pratiquer l’arbitrage pour une femme, c’est très mal perçu par la société comme la nôtre. D’abord c’est mal perçu par la famille, si tu n’es pas encadrée, c’est compliqué ; ensuite le milieu dans lequel nous vivons parce que les gens se disent que c’est un métier pour les hommes. Mais quand tu veux, tu peux. Pour y arriver, il faut s’armer de courage et de persévérance, et surtout travailler. Car, c’est un métier très dur. Doc quand tu es dedans, il faut te sacrifier et te donner à 100% pour accéder à l’élite ».

Il ne suffit pas d’être ancien footballeur

« Avec les technologies de l’Information et de la communication, avec la FIFA et la CAF, aujourd’hui tout se passe sur internet, surtout avec cette pandémie de COVID-19, même les programmes d’entrainement et les formations s’effectuent par visioconférence. Ensuite le football, il faut savoir lire les règlements et les interpréter sur le terrain. Cela veut dire qu’il faut faire d’abord les bancs, pour pratiquer l’arbitrage aujourd’hui », fait savoir Fanta Kaba.  

Là où le bât blesse,  « nous les femmes, on n’a pas assez de compétitions comme les hommes, parce que parfois, vous pouvez faire une année blanche, ou parfois jouer un seul match pour toute une année. Donc c’est très difficile, si tu n’as pas de courage, tu ne vas pas poursuivre. Mais je pense que la CAF commence à revoir son calendrier, parce que récemment on a vu pendant la CAN U-23 en Tanzanie, on a commencé à utiliser les femmes et même la toute dernière CAN U-20 en Egypte, les femmes ont été utilisées ; donc je crois que c’est en bonne voie. Il y a donc espoir. Cependant, moi je joue le championnat ligue1 des hommes en Guinée »,  a-t –elle confié

L’unique Guinéenne dans l’élite A de la CAF

« Ce n’est pas pour me jeter des fleurs, actuellement, je suis l’unique Guinéenne qui se trouve dans l’élite A de la CAF, et c’est dans ce lot qu’on choisit pour les compétitions, c’est ce qui m’a donné la chance de  participer aux jeux africains et au tournoi UFOA. Arbitres internationales, nous étions quatre en Guinée, mais malheureusement, une est décédée donc aujourd’hui, nous sommes trois femmes en Guinée », rappelle-t-elle.  

L’autre question, c’est comment concilier le métier d’arbitre et le foyer en tant que femme ? « Quand on aime quelque chose, on n’abandonne pas, même quand on est marié, ton mari va te soutenir dans ce que tu aimes et dans ce que tu fais. Aujourd’hui, moi je ne suis pas mariée, mais j’ai des amies qui sont mariées, qui sont mères de familles et qui ont des enfants et qui continuent à pratiquer l’arbitrage et s’occuper de leurs foyers. Moi je ne trouve pas un frein à cela, être femme au foyer et en même temps arbitre », répond-elle.  

Trouver un métier parallèlement à l’arbitrage, c’est ce que Fanta Kaba demande aux arbitres car dit-elle, « lorsqu’on sait que tu as un autre métier parallèle à l’arbitrage, les gens ont du respect pour toi. Ils savent que tu te suffis, tu n’auras pas besoin de venir leur  demander de l’argent ».

Sam Samoura pour Guinee7.com   

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