Censure

L’espérance de la fin du covid19 a un impératif (Par Dr Solian Konaté)

L’ignorance, décrite par Victor Hugo comme « la nuit qui commence l’abime », est un véritable cancer de l’esprit qui ronge notre existence parce qu’elle est un impitoyable frein à la bonne connaissance des incontournables de notre santé et beaucoup d’autres domaines.

Pour mémoire, la première notion de vaccin revient à un Médecin de campagne et scientifique Anglais   Edward Jenner grâce à la prouesse immunologique qui consistait à inoculer par scarification un produit microbien chez un garçon de 8 ans pour l’immuniser contre la variole en 1796.

C’est à Louis Pasteur, un scientifique Français, que revient le mérite d’avoir développé  le concept de vaccin pour une utilisation à grande échelle. Son premier vaccin est celui contre la rage.

Du point de vue de la croyance musulmane, le prophète Mohamed (Psl) disait je cite : « ô serviteurs de Dieu, soignez-vous, car Dieu a préconisé pour chaque homme le remède adéquat. »

D’ailleurs les Ottomans pratiquaient la vaccination depuis le 18ème siècle, nous rapporte Cheikh Abdoullah Bin Bayyadh.

Grace à cette prouesse scientifique,  la légende de la prévention sanitaire va connaitre une immense révolution dans la bataille contre nombreuses maladies qui ont fait des ravages à une époque.

C’est ainsi que de nombreux vaccins ont été créés contre la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la variole, l’hépatite A et B, l’oreillon, la rubéole, la tuberculose, la fièvre jaune etc.  Récemment le vaccin anti Ebola et en perspective avec un grand espoir pour un vaccin anti HIV  pour bientôt nous l’espérons.

Le covid19 sévit depuis plus d’un an, son potentiel nocif morbide et mortifère aux graves conséquences sociales, économiques ne devrait plus être dans l’arène de l’inconnu.

Nous constatons en dépit, et avec beaucoup de regret que l’ignorance et/ou le manque d’information poussent certains citoyens à considérer ce cataclysme pandémique comme imaginaire et banalisé.

D’autres disent même que c’est une maladie des blancs.

Avec tout le respect qu’on a pour la mémoire de nos décédés de covid19 (paix à leurs âmes), il faut bien rappeler plus de 100 décès en Guinée et qui n’étaient pas des blancs mais des citoyens Guinéens.

Une malheureuse histoire vécue en guinée dans les années 1986-1987 dans un village :

En dépit du respect qu’on peut avoir pour certaines de nos valeurs traditionnelles, l’Afrique est parfois malade de sa tradition.

Un tradi guérisseur avait refusé de faire vacciner ses enfants lors de la campagne de vaccination anti rougeole.

L’équipe de vaccination a donc vacciné presque tous les enfants du village sauf la famille du tradi guérisseur.

Malheureusement deux mois après, l’épidémie s’est déclarée,  deux enfants  dans cette famille du tradi guérisseur  sont décédés. Les autres familles vaccinées ont été épargnées.

Il aurait fallu ce drame pour que le tradi guérisseur se transforme en véritable agent mobilisateur pour la vaccination dans tout le village en entonnant  de ne pas commettre la faute qu’il a commise.

En Afrique, certaines considérations traditionnelles néfastes constituent de vrais problèmes à la bonne connaissance de certains mécanismes thérapeutiques et de prévention.

La mutilation génitale féminine par exemple, un acte médiéviste et dangereux parmi tant d’autres, sévit encore et malheureusement chez nous.

L’épidémie Ebola a pris des proportions gravissimes en dehors même du potentiel pathogène du virus, parce que cette maladie était qualifiée injustement, soit par ignorance soit par obstination, de maladie imaginaire ou de la sorcellerie etc.

Au point que parfois l’équipe médicale était empêchée de pénétrer dans certains villages pour secourir ou diagnostiquer les cas d’Ebola.

Dans les années 1986 lorsque le HIV a été déclaré comme un vrai danger épidémiologique, les velléités de la désinformation en Afrique ont contribué  outrancièrement à sa propagation exponentielle parce que beaucoup n’y croyaient pas.

Le tétanos ombilical des bébés a fait beaucoup de ravage en Guinée dans les années 1986-1987.

La cause n’était pas de la sorcellerie mais bien évidemment le couteau rouillé porteur du bacille (microbe) du tétanos que la Matrone accoucheuse du village utilisait pour couper le cordon ombilical du nouveau-né.

Aujourd’hui, je dirais que le tétanos néonatal à presque disparu à cause justement de l’évolution des mentalités dans la gestion des naissances en Guinée.

-Que dire des différents types de vaccins anticovid19 :

Deux groupes de vaccin 

1-Le vaccin qui utilise un fragment d’ARN ou d’un vecteur viral

2-Le vaccin qui utilise le virus entier mais tué comme pour beaucoup de vaccins traditionnels déjà utilisés depuis plusieurs années.

L’efficacité de tous les vaccins et en l’occurrence pour le cas de la Guinée, le vaccin Russe et le vaccin Chinois est absolument démontrée et contrairement à la vermine de la désinformation, on note une bonne tolérance post vaccinale.

Le gouvernement guinéen dans sa campagne de lutte contre la pandémie, a mis à disposition des doses de vaccins chinois et Russe pour démarrer, ce qui est une bonne chose.

Un accroissement de la commande de vaccins en perspective pour une bonne couverture vaccinale.

De toute évidence, pour garder l’espérance de voir la fin du covid19, la vaccination reste un impératif incontournable.

Il faut arriver à vacciner une grande partie de la population (idéalement tout le monde) pour que le cycle infernal du virus soit complètement interrompu.

Sans cette vaccination massive, le virus risque malheureusement de se pérenniser et l’économie mondiale ne pourra supporter continuellement le poids des subventions astronomiques aux énormes problèmes créés par la pandémie surtout dans les pays en voie de développement comme la Guinée.

Une invite est faite à la population guinéenne à se faire vacciner sans hésitation pour la protection de notre santé.

Poursuivre bien entendu le respect des barrières sanitaires.

Les intellectuels dans l’administration considérés dans la société comme des référents culturels, devraient jouer un rôle prépondérant dans l’éducation pour la vaccination.

Ne cédons donc pas aux petites velléités irrationnelles qui nous opposent aux vaccins. L’éducation et la santé sont deux maillons inséparables de la même chaine.

« Ignorer l’ignorance, c’est demeurer dans le monde de l’inconscience.» Mofaddel.

Docteur Solian Konaté Praticien Hospitalier France.

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