Dans une lettre, un de nos lecteurs a dénoncé le train de vie ostentatoire des cadres guinéens. Nous avons jugé utile de publier la lettre in extenso.
Cher Ibrahima, autant je me félicite de ce tournant que le président Alpha Condé entend opérer dans la conduite des affaires publiques, autant avec ma modeste voix, je voudrais l’exhorter à être plus regardant sur la vénalité de certains de ses cadres qui se comportent en véritables Rapetous, même devant l’Eternel, et s’en vantent sous les chaumières.
Certes, il n’y a pas de moment de tolérance à la prévarication, mais dans ce contexte de difficultés économiques et sanitaires qui caractérisent le pays, de telles pratiques relèvent à la fois de l’indécence et du mépris.
Alors que le l’austérité frappe fort, alors que la puissance publique et ses partenaires techniques et financiers sont à la peine pour soutenir le pays, certains grands commis de l’Etat, dont je préfère taire les noms pour le moment, se comportent en Princes de la République par leur appétence pour le confort matériel indu.
C’est le cas, par exemple de cette course effrénée à l’acquisition de biens immobiliers aussi bien dans certaines capitales de la sous-région qu’en Europe et même dans certains Etats arabes.
Cher Ibrahima, j’ai appris qu’en l’espèce, les autorités sénégalaises ont finalement appelé certains des cadres guinéens à la modération et à la discrétion.
Pendant ce temps, d’autres encore, par le truchement de prête-noms et autres subterfuges, sont devenus de richissimes hommes d’affaires qui s’adjugent de gros marchés publics et s’offrent des véhicules dont le niveau de sécurité tutoie celui des chefs d’Etat.
Cher Traoré, en parlant de tout cela, loin de moi l’intention de jeter l’opprobre sur l’ensemble des cadres. Non, non et non. Je connais des cadres dont la probité morale et le sens de la responsabilité forcent l’admiration.
J’en connais également dont le patrimoine, aussi important soit-il, ne saurait scandaliser outre mesure, puisqu’avant leur entrée dans le gouvernement ou aux Affaires ils étaient déjà riches comme Crésus.
Si je parle de tout cela, c’est parce que de plus en plus des bruits de casseroles commencent à remonter et cela conforte la perception de tous ceux qui estiment que rien n’a véritablement changé contrairement au mot d’ordre de : « Gouverner autrement ».
Alors, il est grand temps que le chef de l’Etat recadre tous ses collaborateurs dont la voracité compromet la concrétisation du projet de société pour lequel il a été réélu pour les six années à venir.
Amadou Condé, comptable, Conakry