Censure

Première star de la télé guinéenne, Abdoulaye Pablito Soumah s’est éteint

Arrivé sur concours à la Radio diffusion nationale appelée à l’époque La Voix de la Révolution, Abdoulaye Soumah, plus connu sous le sobriquet de Pablito, était un homme courageux et plein de dignité. Les matins, il partait au lycée du 2 octobre suivre les cours, et les après midi il était dans la salle de rédaction du journal parlé où il restait tard la nuit, car il habitait le quartier de Boulbinet où résidait sa mère sur la 4ème avenue prolongée.

 

Dans la salle de rédaction, Pablito se retrouvait souvent avec Mamadou Dia, Mohamed Tonton Camara, Abass Chérif, Mohamed Lamine Chérif Aldo et bien d’autres stars de l’audiovisuel de l’époque.

 

Les rares survivants à ce jour sont, entre autres, Mohamed Lamine Condé Komalame, actuel ambassadeur de Guinée en Malaisie, Kalifa Condé ancien commissaire du CNC, actuelle HAC (Haute autorité de la communication).

Pablito démontre très tôt ses qualités dans l’écriture. Quoique titulaire de la seconde partie du baccalauréat, Abdoulaye Soumah sera piqué par le virus du journalisme au studio-école. Ses maîtres de stage, feu Albert Koultoumy, Saoro Haba et Odilon Théa, découvraient en lui une qualité et un don pour le micro.

 

Cissé Fodé, Directeur général de La Voix de la Révolution, ne trouvera aucun obstacle en le faisant intégrer le journal parlé où feu Oumar Oumar Diabaté, Amara Kaba, Ansmane Bangoura et Moro Baldé étaient ses encadreurs.

Pablito était régulier au travail et bon présentateur, et somme toute une grande voix. Il sera tout suite au-devant de l’actualité.

En dehors des ténors de la rédaction précités, Pablito alternait les voyages officiels avec les membres du gouvernement guinéen avec Hadiatou Sow et plus tard Aïssatou Bella Diallo deux autres stars des médias guinéens. Feu Bouba Camara fait partie de la même écurie.

 

A l’arrivée de la télévision en 1977, il sera mis à la disposition de la télévision nationale sur décision du ministre Aboubacar Somparé qui aidait beaucoup les jeunes dans leur travail de formation. Pour Abdoulaye Soumah, c’est le début de la grande accession. Très bon journaliste, il sera un adjoint de Hadja Aissatou Bella Diallo.

Admiré de toute part, il ne franchira jamais un certain niveau de responsabilité au plan de sa carrière même si sa valeur était établie.

Finalement il y a eu un relâchement de sa part en alternant le bon et le moins bon. Après la mutinerie des 2 et 3 février 1996, il sera décoré par feu le Général Lansana Conté, car il a été l’un des mobilisateurs de la jeunesse de Boulbinet réputé bastion des Contéistes.

 

Affaibli par la maladie qui le rongeait depuis de longues années, cloué dans son appartements de l’immeuble Cenac, Pablito n’a jamais cessé de remercier Mohamed Lamine Yayo, Directeur général du Patrimoine Bati-public, qui, malgré toute les pressions, n’a jamais voulu le vider de son logement. Pour son bienfaiteur, il ne méritait pas d’être vidé pour tous les services rendus à la nation.

 

Feu Abdoulaye Soumah disait aussi avoir été marqué par la visite à son domicile d’Amara Somparé, actuel Ministre de l’Information et de la Communication.

 

Répondant à la question d’un journaliste relative à la profession et aux avantages qu’il en tire après avoir été une grande star de la télé, Pablito disait que si c’était à reprendre, il ne conseillerait pas à la jeune génération d’embrasser une carrière dans ce secteur ingrat.

 

L’homme qui vient ainsi de mourir a été une icône de l’audiovisuel guinéen et premier à présenter le grand journal de 20H à la télévision nationale.

 

Paix à son âme ! Que le bon Dieu l’accueille dans son Paradis éternel ! Amen.

 

Ibrahima Diallo, journaliste et écrivain.

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