L’industrie du jeu vidéo est sans conteste un marché en plein essor. Avec une augmentation de son influence et du budget des jeux chaque année, montants qui dépassent désormais allégrement les fonds attribués aux blockbusters du cinéma mondial, le jeu vidéo est en passe de conquérir le monde. Et pourtant, il y a un continent particulièrement jeune qui a longtemps été ignoré par les développeurs, tant dans les histoires contées que dans le développement des studios : l’Afrique.
Pourtant, ce ne sont pas les décors grandioses ni les capacités des jeunes africains qui manquent. Si Uncharted 4 et son voyage à Madagascar dévoilait déjà les possibilités incroyables de décors variés et de nouveaux mythes à explorer, des jeunes développeurs du continent en ont eu assez d’attendre et ont décidé de se lancer !
Un vivier d’inspirations
Si les prémisses d’un développement « made in Africa » a débuté avec l’antenne à Casablanca du studio international Ubisoft, celle-ci a depuis fermé. Pourtant certains jeunes africains n’attendent plus l’investissement de grands studios pour développer leurs propres créations. Avec l’essor des jeux indépendants, en Europe comme en Amérique, qui se réalisent avec un petit budget et une équipe restreinte, l’opportunité de créer est désormais à portée de main !
Afin de ne pas se situer en concurrence directe avec les mastodontes du milieu, les petits jeux indépendants misent souvent sur l’originalité ou l’histoire pour captiver le joueur. Pas de prouesse technique ici, ni de voix d’acteurs connus, seuls comptent l’amusement et donc le jeu en soi. Le public africain, comme occidental, est devenu très friand de ces jeux indépendants pour cette raison, et c’est ainsi que Kiro’o games, un studio camerounais, est né. Serge Abraham Thaddée, un jeune développeur guinéen, s’est aussi lancé dans l’aventure.
Une envie de nouveauté que proposent de jeunes africains
L’Afrique a souvent été réduite au rôle de décor, de cadre qui ne servait que de parenthèse dans des jeux souvent situés en Occident, voire au Moyen-Orient. On sait que pourtant, elle a inspiré de nombreux jeux, notamment l’Egypte antique, dont l’imaginaire a été repris maintes fois, comme par exemple dans l’univers du casino en ligne. Mais cela ne suffit pas, et tous les joueurs, africains comme étrangers, réclament maintenant un jeu avec le continent africain au cœur de son histoire et de son gameplay. La raison simple est en fait une erreur stratégique des studios du monde entier : les joueurs de jeux vidéo ne veulent qu’une chose, être amusés et se sentir dépaysés lorsqu’ils jouent, s’échapper de leur réalité en somme. Quoi de mieux alors que de proposer des décors que l’on ne voit pas régulièrement, en sortant du cliché du désert, pour représenter un continent aussi riche que l’Afrique ?
C’est dans ce contexte que le jeu African Heroes a été conçu pour dévoiler les histoires et les grands personnages encore trop méconnus du monde occidental. Serge Abraham Thadée est la preuve que l’ambition et le talent n’attendent pas le nombre des années. Ce jeune homme s’est lancé avec force dans son projet de jeu vidéo basé sur les héros africains. Si l’industrie comporte des dizaines de jeux traitant de la mythologie grecque ou des légendes japonaises, très peu de jeux n’ont réellement pris l’Afrique et son histoire, le continent et ses mythes, comme base de travail.
L’Afrique, eldorado du jeu vidéo
La grandissante évolution du continent en matière de numérique, avec notamment de récents accords, illustre l’avenir radieux qui s’annonce dans ce domaine. Avec des milliards de jeunes joueurs africains à convaincre, plus les joueurs occidentaux, l’Afrique est sans conteste le territoire où le jeu vidéo va se développer le plus vite au cours de ces prochaines années.
La numérisation du continent va naturellement développer le secteur. Les jeunes africains voudront alors incarner des héros qui leur ressemblent, comme des champions d’une contrée lointaine, peu importe son origine ou son histoire du moment qu’elle soit belle. Mais ce que veulent surtout les joueurs, c’est le choix et l’originalité. Sortir des sempiternels combats entre dieux grecs pour jouer à quelque chose de nouveau. Au même titre que le cinéma ou la musique, le jeu vidéo est un art qui permet aussi de découvrir de nouvelles cultures et histoires. Qui imagine le 7e art sans le cinéma africain ? Personne ! Ainsi, dans quelques années, personne n’envisagera le jeu vidéo sans ses développeurs et ses jeux 100% africains.