En créant un cadre permanent pour le dialogue politique et social, puis en nommant au poste de Secrétaire permanent de cette institution un homme d’expérience en la personne de Fodé Bangoura dont la grande capacité d’écoute et de travail est reconnue par tous , amis et adversaires politiques, le Président de la République , le Professeur Alpha Condé, offre aux guinéens une excellente opportunité pour se parler , afin d’aborder ,sans tabou, tous les sujets qui fâchent.
Se fondant sur les échecs supposés ou réels des précédentes concertations, certains de nos compatriotes rejettent déjà cette main tendue du pouvoir, sans pour autant proposer d’autres alternatives que ces vieilles et inefficaces recettes : marches de protestations souvent émaillées de violences, campagne de discrédits tous azimuts et injures publiques.
Ces « échecs’’ devraient ils servir d’ alibis pour se cramponner à un passé qui obstruerait toutes perspectives de concertations entre guinéens ? Nous dirons Non pour notre part !
L’écrivain Samuel Beckett ne disait il pas : « déjà essayé, déjà échoué, peu importe ; essayes encore, échoues encore, échoues mieux » ?
Cela signifie tout simplement que de l’ échec, on peut tirer des leçons qui pourraient s’avérer utiles pour le futur .
Pourquoi ne dialoguerions donc nous pas en dépit de nos appréhensions et rancoeurs ?
SI Faure Gnassingbé et Gilchrist Olympio ont pu dialoguer , qu’attendons nous ?
SI un des enfants Lumumba fut membre d’un gouvernement du Maréchal Mobutu , quel est cet obstacle insurmontable qui pourrait nous empêcher d’essayer de nous assoir à nouveau pour parler de ce qui nous divise ?
N’est ce pas par la vertu du dialogue entre l’ANC( African National Congres) et le régime de l’apartheid, un des pires systèmes de gouvernement que le monde a connu, qu’en Afrique du Sud, Nelson Mandela qui aura successivement fait les prisons de Robben Island (1964-1982) ,Pollsmoor (1983-1988)et Victor verster (1989-1990) deviendra Président de la République de son pays ?
Plus près de nous, dans l’espace et dans le temps, le très prochain retour prévu (17 juin 2021) de l’ancien Président, Laurent Gbagbo, en Côte d’Ivoire n’est il pas le fruit d’un dialogue fécond entre le pouvoir ivoirien et son parti, le FPI ( Front Patriotique ivoirien), en dépit du lourd bilan d’une guerre civile qui a fait plus de 3000 morts dans ce pays voisin et frère ?
Dans la perspective de ce dialogue qui se profile à l’horizon , saluons cette courageuse tribune de Trois hauts cadres de l’UFDG (Chérif Bah, Ousmane Gaoual et Cellou Baldé) qui, du fonds de leur prison, ont affirmé haut et fort que les problèmes de la Guinée peuvent et doivent se régler autour d’une table.
Il appartient maintenant à l’UFDG de comprendre l’importance de la main tendue du pouvoir et d’apprécier sereinement l’option de dialogue suggérée par ces hauts cadres du parti, que l’on ne saurait accuser ni de faiblesse, encore moins de trahison.
L’élection présidentielle du 18 octobre 2020 a prouvé encore une fois que ce parti, débarrassé de l’apport magique de son « Soropociel’’ de génie, reste et demeure la deuxième force politique de ce pays.
Va- t- il gaspiller cet important acquis en soufflant dans la même flûte que des particules politiques sans envergure ,et un FNDC (Front Nuisible à la Démocratie et à la citoyenneté) disparu des radars depuis belle lurette, et qui n’existe plus que par les frétillements à l’ extérieur de certains de ses responsables fugitifs ?
L’UFDG doit comprendre que ces micros partis connus sous le nom folklorique de l’ANAD (Agence des Nains de la démocratie), qui gravitent autour d’elle , sont incapables de récolter 1% de l’électorat ou de fournir le moindre contingent de marcheurs ; ils n’ont donc rien à gagner d’une rencontre qui les priverait surement d’une tribune qui leur donne l’impression de compter dans le paysage politique guinéen ; ce sont des parasites qui ne cherchent qu’à exister politiquement à ses dépens.
L’UFDG doit également comprendre que pour les mêmes raisons, l’UFR et le PEDN qui font partie de ce qu’on pourrait bien appeler le front dur du refus ,ne représentent plus que leur propre ombre ; conscients qu’ ils seront bientôt conjugués au passé, eux aussi n’ont aucun intérêt à la réussite d’une telle initiative .
Elh Cellou Dalein Diallo est il toujours aussi naïf pour suivre encore des partis sans troupes et sans avenir politique ?
Est il encore prêt à rééditer l’impardonnable faute qui l’ aura conduit à boycotter les législatives à l’issue desquelles son parti aurait pu se maintenir comme deuxième force politique du pays et du parlement, avec un nombre respectable de députés ?
En refusant de participer au prochain dialogue, l’ UFDG pourrait se retrouver dans une positon beaucoup plus inconfortable que celle consécutive à sa non participation aux législatives passées.
Prendre part au dialogue ne signifie guère trahir les détenus ou renoncer à ses convictions ; la lutte politique doit s’adapter aux circonstances du moment, en tenant compte des rapports de forces.
Par contre, poser leur libération comme préalable à tout dialogue ne pourrait, à notre avis, être qu’improductif.
Ce parti doit comprendre les difficultés qu’endurent ses militants et responsables détenus et qui souhaitent eux aussi , en toute logique, être libres , entourés de leurs proches.
L’UFDG doit poser des revendications réalistes et réalisables, non en termes de préalables, mais en points à inscrire dans l’agenda du dialogue et qui, sans aucun doute, bénéficieront d’une bonne écoute auprès de la majorité des participants.
Pour une Guinée paisible, unie et libre, allons tous à un dialogue sans préalables ni sujets tabous, dans un esprit de concessions mutuelles indispensable au succès d’une telle rencontre !