«Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment», nous prévenait le célèbre Malcom X, défenseur d’une race noire opprimée. Le présumé viol d’une dame appelée Bilinda par un célèbre chroniqueur fait encore grand bruit dans la cité. Alors que la justice s’est saisie du dossier, la presse et les réseaux sociaux en font tout toujours un sujet à la Une. Peut-être en raison du fait que le mis en cause est célèbre. Mais c’est aussi et surtout parce que le viol est resté ces dernières années comme un sujet principal du débat public.
Quel media n’a pas dénoncé ces derniers 12 mois la recrudescence des cas de viol souvent suivis de violence et même de meurtre parfois ? Au point que certains médias ne s’empêchaient même plus de montrer les présumés violeurs à visages découverts, en violation de la présomption d’innocence.
Mais comme par miracle, cette fois, puisque c’est un chroniqueur, donc un homme de média, qui est mis en cause, certains deviennent soudainement prudents, posent des questions à la place des affirmations habituelles. D’autres, qui ne se soucient plus de leur image auprès d’une opinion qui les connait déjà malhonnêtes, reprennent leurs plumes pour crier au complot. En lieu et place des faits disponibles, ces journalistes-juges de la République doublés de leurs casquettes de chorégraphes, montent des scenarios à imposer à l’opinion tout en prenant le soin de présenter le présumé violeur comme étant la victime.
Un texte publié sur un media en ligne respectable de la place, signé par notre confrère et grand frère Lamine Mognouma Cissé, indexe clairement la présumée victime, comme une trainée, une metteuse en scène et tout ce qu’un journaliste professionnel ne devrait pas dire à une personne qui se plaint d’une injustice quoique non encore établie. Quelle solidarité abjecte ! Ce n’est surtout pas de la confraternité.
C’est croire donc que si tous les autres présumés violeurs étaient, eux aussi, des journalistes ou chroniqueurs connus, ils auraient bénéficié de la même protection. Le viol cesserait d’être dénoncé comme étant une mauvaise chose, alors que le nombre de victime ne cessera d’augmenter parce qu’aucune victime n’aura le courage de dénoncer.
Que la Justice fasse son travail et nous dise si oui ou non les faits allégués contre le chroniqueur sont établis ! Si c’est établi, qu’il subisse la rigueur de la loi. Si dame Bilinda a tort, en ce moment, notre confrère pourra porter plainte pour diffamation.
En attendant, Bilinda est présumée victime de viol et de violence selon sa version. Notre confrère Robbie, est un présumé auteur de viol et de violence qui ne reconnait pas l’entièreté des faits tels qu’ils sont rapportés par la présumée victime. Mais tous les deux ont le droit d’être traités par les médias avec respect.
C’est à la justice donc de dire si Bilinda est victime de viol de la part de Robbie. Mais cette dame est déjà victime d’un syndicalisme de certains journalistes-juges qui instrumentalisent le principe de confraternité pour enfoncer une présumée victime.
Alors sortez de votre bulle d’où vous pensez pouvoir influencer l’opinion que vous avez déjà beaucoup tenté de manipuler en vous ridiculisant. Heureusement que ceux qui lisent savent faire le discernement entre le travail de journaliste et la plume malhonnête et connivente de certains dans nos rangs.
Thierno Amadou M’Bonet Camara (guinee114)