Aboubacar Somparé, ancien Président de l’Assemblée Nationale, aujourd’hui disparu, a révélé dans ses mémoires « itinéraire 2, les coulisses du pouvoir’’, comment le sieur Sidya Touré a été nommé Premier ministre sur une liste de 19 personnalités, où il ne figurait qu’au 4e rang.
Il a forcé la main au « Président-Paysan » en avançant notamment l’amour qu’aurait Sidya pour le travail de la terre, alors que ce dernier était très peu connu des Guinéens, ayant vécu et fait carrière en Côte d’ivoire où il s’était fait passer, en vrai imposteur, pour un Ivoirien de souche. Au point de se retrouver avec une carte de membre du comité central du PDCI-RDA.
Feu Aboubacar Somparé témoigne ainsi devant un Général Lansana Conté méfiant et dubitatif, en faveur de son « poulain » pour le poste de Premier Ministre :
« Je lui expliquai que depuis la mort du Président Houphouët Boigny, il avait pris un congé sabbatique afin de transférer progressivement l’ensemble de ses affaires en Guinée. A son retour, Sidya avait construit une école avec logement de maîtres au Carrefour Colo. Il avait réalisé d’importantes plantations de palmiers à huile et de cocotiers nains ».
Et de poursuivre : « l’intérêt du Président s’éveilla. »
Le Général Conté interrogea ensuite son hôte du jour : « Alors, il fait du palmier » ? Avant de demander : « Peut-il m’envoyer des graines préchauffées » ?
Bien sûr que Sidya Touré accédera volontiers à la requête du Général Conté, et pour l’appâter davantage lui fera visiter ses plantations. Aboubacar Somparé dit avoir expliqué à Sidya Touré ce qu’il fallait dire au Président Conté pour être choisi comme son Premier ministre :
« Je recommandai à Sidya de profiter de l’aubaine pour indiquer à son interlocuteur les faiblesses du système financier et lui suggérer les voies possibles de correction. C’est au cours de ce déplacement de Colo que le Président prit la décision de faire de Sidya son Premier ministre. »
Pour ceux qui avaient des doutes que la Guinée qu’il ambitionne de gouverner est sa seconde patrie et que Sidya n’est pas intéressé par le sort des Guinéens sans cesse raillés par lui, le récit de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale sonne comme une alarme. Il a révélé qu’il a fallu demander la permission expresse du Président Bédié pour que Sidya Touré soit nommé Premier ministre dans « son » pays. Pour qu’il prétende à la Présidence, à qui a-t-il fallu demander la permission pour cet homme qui, décidément, vit par procuration, n’est pas maître de lui-même ? Peut-il l’être du destin de la Guinée et des Guinéens ?
Aboubacar Somparé d’ajouter : « Puis, un jour, le Président me demanda de porter au Président Bédié la lettre par laquelle il sollicitait l’autorisation d’utiliser Sidya dans une mission gouvernementale…
A la réception de l’hôtel, le concierge m’apprit qu’Amara Essy avait envoyé un Monsieur qui devait me conduire chez Sery Nyoléba. Ce dernier avait été le tuteur officiel de Sidya Touré en Côte-d’Ivoire. Il lui devait toutes les promotions qu’il avait connues dans son parcours administratif…»
Au tour de Sery Nyoléba de transmettre à l’émissaire du Président Conté, le permis de travailler en Guinée de Sidya Touré de la part de son Président, en tant qu’Ivoirien : « Mon cher frère, le Président Bédié donne toute sa caution à Sidya et nous lui adressons tous nos voeux les plus ardents de santé et de succès dans ses nouvelles fonctions. »
A peine nommé Premier ministre, Sidya aura vite fait d’oublier, comme toujours, son bienfaiteur et d’où il venait : « je tentai, vainement, de joindre le Président ou Sidya. Ce n’est qu’à mon retour à Conakry que je pus discuter avec Sidya et tirer quelques leçons pour l’avenir. »
Mais ce que notre bonhomme n’a pas oublié, c’est de continuer à bien se sentir dans sa peau d’Ivoirien. A l’occasion des réunions de cabinet, ses proches collaborateurs étaient souvent ainsi apostrophés : « comment vous faites ici en Guinée, chez nous en Côte-d’Ivoire… »
Ce témoignage bouleversant de l’ancien président du parlement guinéen, devrait édifier plus d’un, et prévenir chacun à propos de la versatilité de Sidya Touré, de sa personnalité ambivalente, surtout faire comprendre à tous que le Président de l’UFR n’est pas un homme d’honneur ni de confiance : chez lui, la fin justifie toujours les moyens.
Les « affaires » dont parle le défunt Somparé sont (mal) acquises dans une série de scandales impliquant le Président de l’UFR en Côte-d’ivoire, par la suite en Guinée dont la presse a fait un large écho. Peut-être serait-il de bon aloi de les rappeler, pour l’histoire et l’opinion publique nationale. Justement, le Président de l’UFR qui n’est pas un héritier connu et n’a encore expliqué à personne comment il est devenu si prospère, très rôdé dans la concussion financière et les évasions fiscales, voudrait curieusement partager son expérience – et son flair – dans un domaine où il excelle, en indiquant comment il s’y prend dans les élucubrations que charrie son compte tweeter. C’est vrai qu’il ne peut rien apprendre d’autres à des Guinéens qui ont compris que Sidya Touré s’est lancé en politique pour tenter de faire oublier la réputation de faussaire et de prédateur financier qu’il traine comme un boulet.
En attendant d’être rattrapé par ses turpitudes politiques et toutes les casseroles qu’il continue de trimballer partout, Sidya Touré, l’homme aux multiples identités et à plusieurs visages, s’en est retourné en Côte d’ivoire où il se sent le plus à l’aise parmi ses compatriotes ivoiriens qui, lorsqu’il avait été nommé Premier ministre en Guinée, avaient découvert, non sans indignation, qui il était, de quoi il était capable pour assouvir ses ambitions.
Il remet ça à partir de la Côte-d’Ivoire, où il s’est réfugié encore pour tenter de déstabiliser la Guinée par des propos et des manœuvres insensés. Aujourd’hui, il voudrait appeler à un soulèvement populaire en Guinée, après avoir échoué dans ses manigances visant à forcer le destin présidentiel, convaincu qu’il est qu’il sera toujours battu dans les urnes. Les Guinéens qui longtemps ont vécu dans l’illusion d’un changement avec lui, se rendent comptent tous qu’il est un malheur pour lui-même et les autres.
On a tous compris : selon les circonstances et ses intérêts, il se retrouve d’un côté ou de l’autre de la frontière, rompu à l’art de la machination et de l’imposture. Il attise les tensions dans un pays et court se cacher dans un autre, dans le rôle qui lui sied tant de nomade du mal. Ce n’est pas l’image qu’on voudrait de la Guinée ni la réputation qu’on souhaite pour les Guinéens.
Comme l’a dit quelqu’un, s’il ne faut pas avoir une certaine taille pour faire la politique, il serait souhaitable quand même d’avoir une certaine hauteur.