Depuis l’apparition de la COVID-19 en République de Guinée, les acteurs du secteur culturel tirent le diable par la queue. Ne bénéficiant d’aucune sorte d’assistance, ces hommes et femmes, ne cessent de demander une assistance à l’Etat. Pour parler de cette situation, nous avons joint au téléphone ce mercredi, Ibrahim C, président de la Fédération des entreprises culturelles et économiques de Guinée (FECEG), de loin le principal patronat du secteur- avec une quarantaine d’entreprises culturelles membres.
Guinee7.com : Le gouvernement guinéen a décidé de suspendre l’organisation des activités culturelles. Quel impact cela laisse sur le spectacle culturel en Guinée ?
C’est la catastrophe ! Grosso modo, cela fait deux ans que nous sommes dans cette situation. Et ma foi, cela impacte dangereusement sur nos activités. Cela menace même notre survie. Je pense que si on n’y prend garde, bientôt de nombreuses entreprises mettront la clé sous le paillasson. Il y en a déjà qui l’ont fait. C’est ce qui est à craindre. Il va y avoir de nombreuses entreprises culturelles qui seront dans une situation intenable.
Certains ont déjà mis la clé sous le paillasson, vous avez dit ?
Oui ! Nous sommes au bord du précipice. Je reçois de nombreux patrons d’entreprises ici à mon bureau. Qui viennent, on va dire, entre guillemets, pleurer sur leur sort. D’autant plus que le gouvernement jusqu’à présent n’a engagé aucune aide en notre faveur. C’est très difficile.
L’Agence guinéenne des spectacles vient de rappeler la mesure d’interdiction des spectacles avec un brin de fermeté. Comment avez accueilli cette nouvelle ?
Il n’y a rien strictement rien de nouveau. La note qu’a signée la directrice de l’AGS est une note interne qui a certainement fuité. C’est une note interne qui rappelle à ses démembrements l’obligation pour eux de veiller à l’application d’une décision qui a déjà été prise depuis mars 2021.
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des autorités ?
Il est vrai que la pandémie est mondiale. Il est vrai que les autorités ont pour soucis premier de préserver la santé des populations et nous nous faisons partie de cette population. Donc nous adhérons. Mais ce qui est quand-même étonnant ou paradoxal, c’est qu’au Mali, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, les événements se tiennent. En Côte d’Ivoire, il y a plus de 25 millions de personnes. En Guinée on est autour de 11, 12 millions. Il y a des événements en Côte d’Ivoire, il y en a aussi au Sénégal, et nous sommes dans la même zone. Je peux vous assurer qu’en regardant les chiffres, il y a plus de contaminés en Côte d’Ivoire et au Sénégal par jour qu’ici en Guinée. Mais ils sont arrivés à autoriser les entreprises culturelles à travailler.
Je pense qu’avec un peu de recul, un peu d’organisation et de bonne volonté, on devrait pouvoir arriver aussi à cette décision-là chez nous ici. Je pense que c’est possible. Il faut simplement s’organiser. Mais au-delà, nous demandons vu les difficultés que nous traversons depuis près de deux ans maintenant, humblement à l’Etat de nous venir en aide. Au-delà des soi-disant remboursements, de créer un vrai fonds de développement pour les entreprises culturelles guinéennes qui sont celles-là même qui financent la culture en Guinée. Donc si ces entreprises-là meurent, je me demande comment le pays va faire.
Une interview faite par Abdou Lory Sylla pour guinee7.com