Le colonel Mamadi Doumbouya et ses camarades du CNRD rencontrent tout le monde ou presque, en vue de donner un « nouveau départ » à la Guinée. S’il est vrai que les choses que l’on peut tirer de ces rencontres symboliques sont limitées, elles donnent au moins à l’opinion l’impression d’inclusivité du processus et, donc, légitiment le putsch à défaut de le légaliser…
Seulement voilà : les concertations (qui monopolisent nos petits écrans) commencent à tirer en longueur et nous plonger dans l’ennui ! Il est donc temps de passer à l’étape suivante : former rapidement un bon gouvernement de transition pour débloquer la situation du pays.
Il est bon de rappeler que le principal péché d’Alpha Condé, outre le fait d’avoir volontairement accepté d’être isolé des vraies réalités vécues par ses compatriotes par un groupe qui avait fini par le prendre en « otage », a été de bloquer les activités dans le pays.
Le désormais « ancien président » s’est perdu dans des mesures économiques peu recommandées par des spécialistes : concentration de l’écrasante majorité des pouvoir de décision à la présidence, refus d’autoriser les dépenses légales et légitimes, refus de payer la dette intérieure, augmentation sans cesse renouvelée des taxes et autres charges à fortes répercussions sur la population, excusez du peu…
Ces mesures étaient tellement pesantes pour nos compatriotes que les grandes perspectives affichées au niveau macroéconomique, parce que comprises que par les seuls techniciens, ne pouvaient pas restaurer l’image d’un homme qui a changé la constitution pour se présenter à un « troisième mandat », entraînant dans son sillage des milliers de gens, avant de serrer la vis sans crier gare. Dans un pays aussi pauvre que la Guinée, où la plupart des citoyens vivent de solidarité, c’était une erreur fatale à ne pas commettre.
Dans cette logique, la junte au pouvoir, ne sera pas mieux servie, elle qui doit s’attendre à être sevrée d’une bonne partie de l’aide extérieure. Elle peut améliorer la gouvernance, en réduisant les poches de gaspillage et de folklore, mais il sera absolument nécessaire d’avoir les moyens de ramener le sourire sur le visage des Guinéens.
Une des équations les plus difficiles à résoudre sera de restaurer rapidement la confiance entre les nouvelles autorités du pays et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont les positions radicales affichées en public pourraient provoquer un effet d’entrainement désastreux au niveau de la communauté internationale.
Bref, après plus de deux semaines passées au pouvoir, et à quelques jours de la fin du mois, la junte doit passer à l’essentiel pour continuer à cristalliser les espoirs des Guinéens.