Censure

Le PM Béavogui aux victimes du camp Boiro : « On ne paye pas l’injustice par l’injustice »

L’Association des victimes du camp Boiro s’est rappelée ce lundi 18 octobre, les exécutions sur « plus d’une soixantaine de Guinéens » survenues à la date du 18 octobre 1971 sous le régime de feu président, Sekou Touré.

Vêtu de tee-shirts rouges marqués du slogan « plus jamais ça », les descendants, amis et sympathisants ont fait une marche funéraire qui s’est déroulée de l’entrée dudit camp jusqu’à l’endroit où étaient disposés les « cellules ». Ensuite une lecture du saint Coran en la mémoire des disparus, a été faite par les imams de plusieurs mosquées de Conakry.

La cérémonie a été également agrémentée par la présence d’une délégation officielle, composée notamment, du premier ministre, Mohamed Béavogui et du ministre, secrétaire général à la présidence, le colonel Amara Camara.

Après avoir dit leur reconnaissance à l’endroit du président de la Transition pour son recueillement au camp Boiro, l’Association, par la voix de son secrétaire exécutif, Abdoulaye Conté, lui a soumis 5 points de revendication, dont : « la réhabilitation des victimes des différents camps de torture ; ce qui signifie notamment, mais non exclusivement, l’annulation solennelle des « jugements de condamnation » à l’encontre des personnes concernées, et le rétablissement de la vérité sur les conditions d’obtention des aveux, et d’exécution des détenus ; La sécurisation (clôture) des charniers où sont ensevelis nos parents, ainsi que la construction de sépultures dignes, permettant aux familles de s’y recueillir ; La restitution par un acte officiel à l’AVCB de la partie carcérale du Camp Boiro que le général Lansana Conté nous avait déjà restituée en 1993, mais dont l’accès nous a été interdit depuis 2020; La déclassification des archives officielles de l’Etat concernant les camps de torture ; la restitution des biens saisis par le régime de Sékou Touré, et non encore restitués aux victimes aux termes de l’arrêté de restitution édicté par le CMRN. »

Avant de se mettre à leur disposition dans le cadre de « la recherche de la vérité, la justice et la réconciliation ».

Après avoir remercié l’Association pour l’invitation, le premier ministre qui, par ailleurs est le neveux de Diallo Telli, s’est voulu rassurant. Il a indiqué que, « cet anniversaire, qui est un anniversaire douloureux, qui s’est répété pendant trop longtemps. Et comme vous l’avez vu, le CNRD est venu avec la justice, avec l’apaisement et avec un comportement humain. Vous avez vu comment nous essayons de nous comporter avec ceux qui ont offensés et ceux qui n’ont pas offensé. Parce qu’on ne paye pas l’injustice par l’injustice. On paye l’injustice par la justice. On paye l’injustice par le comportement humain, un comportement sur la foi. Et c’est ce que vous avez jusqu’à maintenant. Ce n’est pas de la faiblesse. C’est simplement parce qu’on doit respecter l’autre, l’être humain ».

« Aujourd’hui vous êtes là. C’est difficile. Nous venons partager avec vous tous ces difficiles moments, qui est un moment à valoriser. Mais le plus important, c’est qu’ on veut une Guinée nouvelle. Et cette Guinée nouvelle sera basée sur une seule chose, la réconciliation. La Guinée se fera avec tous les Guinéens ou elle ne se fera pas. Alors, c’est pourquoi je vous exhorte chacun à travailler pour cette réconciliation. Tout ce qui doit être fait sera fait. La justice est la boussole du CNRD. Le reste, c’est pour chacun d’entre nous de jouer son rôle pour qu’on ait la Guinée que nous voulons », a-t-il clos.

La cérémonie a pris fin par la formulation de bénédictions à l’endroit des victimes.

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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