Censure

Coyah. Des villageois se rebellent contre l’église qui leur oppose la foi, la loi et le vivre ensemble

Face au conflit domanial entre les hommes d’église et les populations, à Kendoumayah dans la préfecture de Coyah, L’archidiocèse de Conakry est sorti du silence ce vendredi, à travers une déclaration faite par le Père Apollinaire Cécé Kolié au nom de l’archevêque, Monseigneur Vincent Coulibaly.

Le Père a rappelé les conditions d’acquisition de ce domaine par l’église. « Contrairement à l’opinion admise et rependue au village de Kendoumayah et explicitée dans les mémorandums non datés adressés au préfet de Coyah, courant septembre, mémorandums signés par les représentants des jeunes, des femmes et ressortissants du village, précise-t-il, ce domaine estimé à 26 hectares n’a jamais été un don fait à l’église par les habitants du village ».

Mais de la façon suivante : « d’abord les 22 hectares ont été une cession de l’état guinéen à l’archidiocèse de Conakry qui en avait fait la demande. Ces 22 hectares sont issus de la partie étatique résultant du contentieux franco-guinéen. En 1993, l’archevêque de Conakry en avait fait la demande et l’Etat lui a donc cédé 22 hectares 38 yards et 70 cent yard. »

Avant de dire aussi, que l’obtention dudit terrain, n’a « fait l’objet d’aucune promesse de l’archidiocèse pour réaliser des infrastructures de base dans le village, comme le prétendent les habitants du village. L’église de Guinée n’en a aucun moyen et ne saurait faire de telles promesses fallacieuses ».

Dans ce problème qui a conduit les villageois de la localité à détruire des plantes, des jardins potagers et à violenter un homme d’église, les prêtres disent soupçonner, « de la manipulation, des intentions malveillantes, de la mauvaise information dont sont victimes les pauvres villageois et surtout les femmes à qui on a fait comprendre qu’ils auraient eu leur marché exproprié ou qu’ils auraient eu des promesses non tenues. Il y a derrière cette manipulation de la recherche occulte d’intérêts inavoués ».

Par conséquent, le prêtre a invité les populations de Kendoumayah, à ne pas se « laisser mener par des personnes malintentionnées qui n’ont pas intérêt à voir notre pays réaliser son ambition d’être une seule famille et de vivre ensemble les valeurs d’hospitalité, de solidarité et de partage… »

Face à la violence sur le prêtre à la date du mercredi 22 septembre 2021, il a indiqué qu’eux « prêtres travaillant dans l’archidiocèse de Conakry ne pouvons laisser passer une telle profanation et garder le silence. Ce serait admettre qu’un tel acte peut se répéter. Or nous convenons tous pour dire que ce geste ne doit plus se répéter. Et nous disons plus jamais cela ».

Avant de regretter que depuis que l’affaire s’est déroulée, qu’ « aucune autorité, qu’aucune personne parmi les sages et les notables de Kendoumayah, n’a fait la moindre démarche pour venir s’enquérir de l’état de santé de ce prêtre molesté, présenter le moindre regret ou présenter la moindre excuse à l’archevêque ».

Pour réconcilier les religieux et la communauté pour que continue la bonne attente qui a jadis existé, il a proposé une démarche spirituelle, qui consiste en : « une journée de jeûne et de prière à Kendoumayah; musulmans et chrétiens, une journée qui se terminerait par une messe pour les chrétiens et par une lecture du saint Coran pour les musulmans. »

Enfin, il a indiqué que l’église veut : « à tout point de vue préserver le vivre ensemble. »

A son tour, l’avocat de l’archevêché, Me Faya Gabriel Kamano, a informé que malgré les problèmes qui ont commencé il y a plus d’une année maintenant, l’église « s’est abstenue d’engager une action, n’importe laquelle contre un citoyen de Kendoumayah » pour sauvegarder la bonne entente.

Il a par ailleurs expliqué que : « le tribunal a rendu le jugement 97 du 15 juin 2021 qui reconnaît l’église propriétaire du domaine et a renvoyé l’église dans la jouissance de son domaine. Tout en condamnant la population de Kendoumayah à nous payer la somme de 150 millions pour nous avoir imposé un procès injuste. »

Enfin, s’en remettant aux nouvelles autorités et en restant ouverte à la discussion, l’église espère trouver un « dénouement heureux » à ce problème.

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com 

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