C’est exactement comme si les hommes, la tête baissée, sciaient de manière consciente, la branche sur laquelle ils sont assis
Pour ma génération, l’ouvrage de Théodore Monod, relatif à la connaissance des sciences naturelles, ouvrage destiné à l’école primaire a été ce que les Mamadou et Binéta étaient dans l’apprentissage de la langue française dans les anciens territoires de l’AOF et l’AEF.
En fait qui était Théodore Monod ? Ce scientifique, naturaliste, biologiste, explorateur, érudit et humaniste français a foulé le sol des cinq continents pendant plus d’un demi-siècle et s’était particulièrement intéressé aux déserts. Il est décédé en 2000 à l’âge de 98 ans.
Sans vouloir vaticiner, jouer les cassandres ou les pythonisses, il a tout simplement tiré la sonnette d’alarme pour prévenir le monde, du danger potentiel qui le menace à savoir l’irréversible marche de l’espèce humaine vers son extinction totale.
Sur le sujet, sa conclusion est terrifiante. Je le cite : ‘’ Les déserts sont émouvants. Ils sont le reflet de la nature avant l’arrivée de l’homme et le spectacle désolant que celle-ci offrira quand l’homme aura disparu.’’ Fin de citation.
Son compatriote et contemporain Claude-Levi-Strauss n’en dit pas moins. Il est aussi catégorique, qu’incisif. Je le cite : ‘’ Le monde finira tel qu’il a commencé, c’est-à-dire sans l’homme.’’ fin de citation.
Claude-Levi-Strauss est décédé en 2009 à Paris à l’âge de 91 ans.
Le gotha des chefs d’Etats qui vient de se réunir à Glasgow sur le climat, cop 26 n’a pas été à la hauteur des enjeux. C’est dommage. Pour autant le constat de ces deux éminents savants de réputation mondiale et ainsi que ceux d’autres scientifiques non moins célèbres devaient inciter tous les grands de ce monde à réfléchir plus en profondeur sur les conséquences des émissions à effet de serre.
Si nous n’y prenons garde, nous léguerons sous peu à nos descendants une planète inhabitable.
Il faut éviter, que du fait de la compétition, de la concurrence des grandes jouissances, du cynisme, de l’égoïsme et de la rapacité des hommes, nous précipitions notre espèce vers le chaos.
Pour ne parler que d’une partie de l’Afrique, ne sommes-nous pas pris de frayeur quand nous voyons le Lac Tchad (2 500km2) se réduire de 90% de sa superficie en seulement 60 ans ou le fleuve Niger s’ensabler à une cadence déconcertante ? Plus généralement, ne sommes-nous pas pris de panique, quand les statistiques nous révèlent que pour la seule année 2018, 38 millions de tonnes de plastique ont été déversées dans la mer. Or les effets dévastateurs de tels actes sur la faune et la flore marine, sont connus de tous.
C’est exactement comme si les hommes, la tête baissée, sciaient de manière consciente, la branche sur laquelle ils sont assis.
Comme l’écrivait un penseur français de Gauche, je cite : ‘’l’homme est orgueilleux, maître de la nature, il ne croit pas vivre et disparaitre éternellement…’’ fin de citation. En musulman croyant et pratiquant, je m’arrête là.
En réalité, croire que l’homme est maître de la nature est une illusion.
La sagesse doit nous inviter à plus d’humilité.
En effet la nature est plus forte que l’homme et elle prend toujours sa revanche sur ceux qui ne la comprennent pas.
Elhadj Thierno oumar Seck alias Thiern Seck
Ancien Ambassadeur de Guinée au Mozambique à la retraite