Censure

Parenthèse…État-Spectacle et amnésie sélective (Par Top Sylla)

« La justice sera notre boussole » ! Une formule bien trouvée qui a fait mouche. Surtout qu’elle est servie avec d’autres engagements censés sonner le glas de la malgouvernance, remettre au travail les bras engourdis des Guinéens, tuer dans l’œuf toute velléité d’instaurer une dictature, ou encore assainir la gestion des comptes publics.

Depuis qu’il a lancé son credo, face à des compatriotes pour la plupart encore dans l’euphorie du coup d’Etat qui a envoyé Alpha Condé au chômage, le nouveau maître du pays est maintenant, à l’orée des symboliques 100 jours, au pied du mur. Là où l’on attend de voir le maçon à l’œuvre.

Pour le moment, hormis le fait d’avoir stoppé net la mélodie des chaises musicales dans la composition du gouvernement, alors que jusque-là et depuis si longtemps, c’étaient les mêmes têtes qui faisaient des va-et-vient autour de la table du Conseil des ministres, il y a surtout du spectacle.

Le clou du show ?

La retraite gouvernementale dont certaines images ont dû faire penser à une version tropicale du film « Les bidasses s’en vont en guerre », sauf que là les « Charlots » ne sont autres que les éléments, triés sur le volet à ce qu’il parait, du bataillon ministériel chargé d’engager la guerre et nous mener à la victoire face à tous ces maux qui assaillent le pays. Des maux si nombreux et pernicieux que de nombreux Guinéens se demandent à longueur de jours sombres et de nuits blanches : qu’avons-nous donc fait au bon Dieu ?

En attendant la mise en place du Conseil national de la Transition – CNT -, qui doit marquer, aux yeux de maints observateurs, le démarrage effectif de cette dernière, on a des retraités à la pelle, des décrets à profusion qui boostent l’audimat du JT de la RTG et mettent à rude épreuve les nerfs de tous ces gens qui rêvent de strapontins, ainsi que des effets d’annonce sur l’audit des comptes publics qui affolent plus d’un chef de division administrative et financière.

Mais, en revanche, on parle peu ou pas du tout des crimes de sang qui ont jalonné le processus démocratique ces dix dernières années, notamment ceux commis en 2020. On tend l’oreille et on scrute l’horizon, mais pour le moment aucune commission d’enquête en vue, nul bruit d’une plainte ou d’un dossier judiciaire réactivé.

Mettre pourtant ces tragédies de côté, les considérer comme une simple parenthèse, c’est comme détraquer notre fameuse boussole. Ce qui nous fera infailliblement perdre… le nord!

Parenthèse est une chronique de l’émission « Carte sur Table » sur Ndimba radio, à partir de 10 h du lundi au vendredi.

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