Le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation s’est longuement entretenu avec les différentes coalitions politiques et leaders du pays, ce lundi dans un réceptif hôtelier de Conakry.
Face à ces acteurs, le ministre Mory Condé a commenté plusieurs chantiers amorcés par le CNRD et le gouvernement dans le cadre de la refondation de l’Etat. Il a notamment dévoilé les malversations financières qui ont fait que la décision a été prise d’organiser les élections par son département.
C’est à la suite d’une crise de confiance née entre les acteurs politiques qu’on est allé vers une CENI
« Par rapport à l’organe de gestion des élections, je pense que les semaines passées, nous avons présenté au peuple de Guinée, le cadre organique du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, par rapport à l’organisation des élections : beaucoup ont exprimé à cet effet leur étonnement mais ce qui reste clair, je pense que dans tous les pays aujourd’hui que nous prenons comme modèles, c’est le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation qui est l’organe chargé de gérer les élections c’est à la suite d’une crise de confiance née entre les acteurs politiques qu’on est allé vers une CENI ».
Le bâtiment simplement qui abrite l’ancienne CENI, avant le 5 septembre, était payé à 65 000 euros soit 650 millions de francs guinéens par mois
« Je crois que dans cette salle, nous sommes tous en train de chanter depuis un certain moment, qu’il faut moraliser la gestion de la vie publique, il faut diminuer le train de vie de l’Etat, il faut assurer un certain nombre de conditionnalités aux citoyens guinéens. Lorsque je prends la CENI qui était en place, ma dernière discussion avec la CENI, l’Etat doit débourser encore 52 milliards pour faire face à des dépenses de fonctionnement de l’ancienne CENI. Vous remarquerez que le bâtiment simplement qui abrite l’ancienne CENI, avant le 5 septembre, était payé à 65 000 euros soit 650 millions de francs guinéens par mois. Lorsque j’ai eu le mandat par le président du CNRD de recevoir les institutions républicaines et les secrétaires généraux des différents départements ministériels le 7 septembre, j’ai reçu le secrétaire général de la CENI et son DAAF, c’est là je me suis rendu compte que l’Etat guinéen déboursait chaque mois cette somme. Et ce bâtiment appartient à qui ? Ce bâtiment appartient à des Guinéens comme vous et moi. Mais qui, nous le savons, ont occupé de hautes fonctions au sein de l’Administration publique. Donc quelque part, on crée des saignées financières au niveau de l’Etat pour assouvir des intérêts personnels. Je crois qu’avec 650 millions de francs guinéens, chaque mois, ça peut nous permettre de construire un centre de santé amélioré au moins dans une collectivité en Guinée ».
Entre le 5 et le 10 septembre, on a obtenu un rabais de 250 millions comme par magie
« Ça c’était avant même la nomination du premier ministre, lorsque j’ai demandé à monsieur le président du CNRD et aux membres du CNRD de me permettre de résilier le contrat de location du local de la CENI, deux jours plus tard, j’ai reçu la notification que le bailleur du local en question était prêt à ramener à 40 000 dollars, soit 400 millions. Ce qui veut dire entre le 5 et le 10 septembre, on a obtenu un rabais de 250 millions comme par magie. Lorsque le président de la République a pris le décret me nommant comme ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, j’ai encore interpellé le secrétaire général et le DAAF de la CENI autour de la question. Cette fois-ci le coup de location est revenu à 250 millions ».
A Dalaba, le coût mensuel du siège de la CENI est de 76 millions
« Lorsque je prends la question liée aux imprimés lors des élections, vous remarquerez qu’il y a plus de 11 sociétés qui ont eu les mêmes contrats pour faire le même travail dans les mêmes localités. Et la facture la plus petite de ces contrats, c’est 1, 6 millions de dollars. Et ça je l’ai reçu il y a trois jours de DHL, qu’une compagnie chinoise a porté pour réclamer son argent. Lorsque nous prenons le coût de location des démembrements de la CENI, on a 33 démembrements de la CENI, dans les 5 communes de Conakry. Et moi la ville la plus chère en termes de loyer, c’est la région de Kankan, notamment, la commune urbaine de Kankan et de Siguiri ; où on peut trouver une villa dont le prix de location atteint 6 millions de francs guinéens. Mais nous avons pris les contrats. Vous remarquerez le prix de location du siège de la CENI à Dalaba ou les prix de location sont comme un cadeau, le coût mensuel est de 76 millions… »
Ils sont tous payés sur le fichier de la fonction publique et au même moment, ils sont tous encore des contractuels au niveau du ministère du Budget
« Par rapport au personnel de la CENI ; la CENI nous a présentés un personnel d’à peu près 900 et quelques, mais vous remarquerez que ces cadres de la CENI qui se font appeler des techniciens, sont tous des fonctionnaires du MATD. Ils sont tous payés sur le fichier de la fonction publique et au même moment, ils sont tous encore des contractuels au niveau du ministère du Budget ».
Je ne pense pas que quelqu’un puisse souhaiter hériter et gérer ces situations que nous sommes en train de gérer aujourd’hui
« Je pense que dans cette salle, les politiques que vous êtes, vous avez rappelé tout à l’heure que notre rôle dans cette transition, est d’organiser les élections justes, équitables et transparentes et de passer le pouvoir. Mais je ne pense pas que quelqu’un puisse souhaiter hériter et gérer ces situations que nous sommes en train de gérer aujourd’hui. Donc pour toutes ces raisons, mais aussi en prenant l’historique des processus électoraux en Afrique, le CNRD et le gouvernement se sont dits qu’il fallait ramener les élections dans la maison mère et permettre aux politiciens d’être dans un comité de veille qui sera associé à toutes les étapes du processus électoral comme s’ils avaient leurs commissaires à la CENI ».
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com