En informant publiquement, à la RTG ,le Peuple de Guinée de la transmission en cours ou très prochaine de certains dossiers présumés de prédation à la CRIEF (Cours de Répression des Infractions économiques et Financières), le Procureur Général près la Cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, semble avoir mis le feu à la barbe de tous ceux qui, naïvement , pensaient que la boussole de la Justice du CNRD ne serait attirée que par les odeurs nauséabondes des supposées faits de prédation qui auraient été commis sous la gouvernance du régime déchu.
Une grossière erreur de compréhension qui explique certainement le début de panique qui s’est déjà emparée de certains d’entre eux!
Dans leurs réactions hystériques , ils crient à l’instrumentalisation de la Justice à des fins politiques , qualifiant le Procureur Wright de servir d’épouvantail contre des leaders politiques.
Pour justifier leur prise de position , ils semblent s’octroyer le pouvoir de dire à la justice les dossiers par lesquels il faut commencer.
Ils parlent également de sélectivité d’une liste qui n’a jamais été déclarée close, et sont stupéfaits que l’on dépoussière des dossiers vieux de plus de trente ans, et dont les audits réalisés n’auraient rien prouvés, selon eux.
Face aux arguties d’anciens dignitaires probablement apeurés par cette détermination insoupçonnée de la Justice guinéenne à aller aussi loin que possible pour conjurer les démons du passé, il convient d’apporter les réponses suivantes :
-la liste publiée est non exhaustive
-l’indépendance de la justice lui permet de s’ organiser pour prendre tous les dossiers qui lui sont soumis dans l’ordre qu’elle veut.
– les crimes de sang et crimes économiques et financiers étant imprescriptibles, il n y a aucune raison à s’offusquer que l’on revienne sur des dossiers vieux de trente ans ou plus, surtout que les résultats de leur audit n’auront jamais fait l’objet d’une quelconque publicité pouvant permettre au peuple d’en avoir une opinion, encore moins de jugement ; la soif de justice exprimée par la majorité de la population devrait obligatoirement prendre le dessus sur nos appréhensions à voir ressusciter des dossiers que l’ on pensait et souhaitait voir profondément et définitivement enterrés .
Du moment qu’un dossier ayant acquis l’autorité de la chose jugée peut être revisité, quid alors de dossiers d’audits non publiés et non jugés ?
Des pays que nous considérons aujourd’hui comme des modèles en démocratie ne nous donnent ils pas de nombreux exemples de vieux dossiers jugés ressuscités et rejugés ?
En France, nous avons en mémoire les affaires : Dreyfus( condamnation :22 Décembre 1894, jugement cassé le 12 Juillet 1906),Jean Dahey( le « bagnard innocent’’), Jean Marie Devaux et bien d’autres que l’on ne saurait tous citer ici.
Aux USA, les affaires : George Stinney( condamné, exécuté en 1944, et réhabilité 70 ans après les faits, en 2014),James Richardson ( libéré après 21 ans, suite à la reprise de son jugement), aussi l’affaire de l’assassinat de Malcom X, leader de la cause noire (les 2 hommes condamnés pour son meurtre sont libérés 56 ans après par la Justice américaine) et des milliers d’autres cas , les USA détenant l’imbattable record de dossiers réveillés et rejugés suite à des erreurs judiciaires( 2900 personnes libérées de prison , en trente ans, suite à une condamnation erronée)
Ces différents exemples montrent de façon incontestable que la justice peut revisiter à tout moment tout dossier déjà jugé ou audité ,si elle estime disposer d’éléments nouveaux de nature à justifier une telle démarche.
Le Cocon politique ne devrait donc servir ni d’alibi ni de cuirasse d’airain de protection contre la Justice, pour de présumés prédateurs, anciens ou récents.
Si nous voulons la réussite de la transition telle que nous la proclamons en longueur de journée depuis le 5 septembre 2021, évitons de donner prématurement et abusivement une interprétation politique à toutes les initiatives qui pourraient être prises par les nouvelles autorités pour un éclairage judiciaire des pages sombres de notre histoire ,sur tous les plans.
Puisque le Procureur Général près la Cour d’appel de Conakry, donne la possibilité à toute personne physique ou morale de le saisir , tous ensemble, faisons en sorte que tous les faits susceptibles d’être considérés comme des crimes de sang, des crimes économiques et financiers, puissent connaitre un début de judiciarisation, à défaut d’obtenir leur évacuation totale difficile à obtenir durant le temps d’une transition.
De notre point de vue, la réussite de la transition dépendra de l’accomplissement correct de 4 conditions que l’on ne saurait dissocier :
- Que le CNT travaille au nom du Peuple, en adoptant des textes législatifs à caractère impersonnel.
-Que la justice soit égale pour tous en se basant uniquement sur les textes de lois. Elle ne doit en aucun devenir un lieu de satisfaction pour les uns, et un centre de règlement de compte de quelque nature que ce soit pour les autres.
– Que les politiques se battent ensemble pour l’obtention de toutes les conditions utiles et nécessaires pour l’organisation des élections libres, équitables et transparentes pour tous, dans des délais consensuels au plan intérieur et international, tout en évitant les querelles de leadership prématuré ,ou à susciter des tensions inutiles par des surenchères verbales sur des sujets relevant d’autres institutions.
-Le CNRD qui a maintes fois affirmé sa volonté de ne pas participer aux élections qui seront organisées, devra être un arbitre absolument impartial qui veillera à l’application stricte et rigoureuse des règles convenues, à chacun et à tous , y compris aux membres du CNRD lui-même. Il ne devrait non plus pas faire fi du contexte sous régional, régional et international, comme l’y poussent certains.
YES une transition réussie est possible !
Travaillons y tous ensemble !