Censure

Crimes sous Alpha Condé : poulet, pandore et troupier au menu ? (Par Top Sylla)

Simple effet de manche ou réelle volonté de faire la lumière sur de présumés crimes commis entre 2010  et 2020 ?

La récente sortie de celui qu’un décret du colonel Doumbouya a récemment propulsé au sommet du parquet de la cour d’appel de Conakry, n’est pas passée inaperçue. Elle a été l’objet – à dessein – d’un énorme battage médiatique.

A d’autres procureurs qu’il juge peut-être un peu tire-au-flanc, ceux des tribunaux de 1ère instance du ressort de ladite cour d’appel, un certain Charles Wright a cru opportun de sortir les griffes et administrer quelques coups d’aiguillon. Question de les amener à se secouer, pour ouvrir des enquêtes à propos de présumés crimes commis durant cette décennie.

Coïncidence ou non, cette période correspond au temps que l’ancien président, Alpha Condé, à passé à Sekhoutouréya pour ses deux premiers mandats, avant qu’il ne soit renversé quelques mois plus tard, par le même colonel Doumbouya, alors qu’il entamait un controversé troisième mandat.

Pour quelle raison le procureur général près la cour d’appel de Conakry a choisi cet intervalle ? Pourquoi, par d’exemple, n’a-t-il pas inclus de présumés crimes commis avant 2010 ou récemment en 2021 ? Puisque les tribunaux de la Haute Guinée et de la Guinée Forestière ne sont pas de son ressort, son homologue de la cour d’appel de Kankan fera-t-il comme lui, pour donner, par exemple, un coup de projecteur sur les tueries de N’Zérékoré et Zogota ? Quid des enquêtes déjà ouvertes à Conakry, ou des plaintes jusque-là classées sans suite ont jalonné les répressions (souvent sanglantes) menées contre des manifestants de l’opposition d’alors ?

Quand les lapins aussi tirent…

Autant de crimes, faut-il le rappeler, que des organisations de défense des droits humains attribuent aux forces de défense et de sécurité – FDS -.

Évidemment, le procureur Wright n’en a pipé mot, même si pour de nombreux observateurs on peut deviner aisément la raison.

En tout cas, d’aucuns ont vite fait de conclure, en lisant les gros titres de certains médias parlant de « crimes sous Alpha Condé», qu’il s’agirait forcément d’atrocités qu’aurait commis, directement ou non, ce dernier. D’où les réserves exprimées d’ailleurs par certains, suite à son départ du pays pour les Émirats arabes unis.

« On ne peut régner innocemment », disait Saint-Just lors du procès qui envoya Louis XVI à la guillotine.

Dans l’entendement de bon nombre de Guinéens, la célèbre phrase collerait bien au cas de l’ancien président, également ancien « commandant en chef des armées » et « premier magistrat » du pays.

Cependant, quoi qu’il en soit, la responsabilité étant en l’occurrence personnelle (selon un principe en droit pénal), on ose espérer que les enquêteurs ne porteront pas des œillères, qu’ils iront résolument fouiner du côté des forces de défense et de sécurité, pour identifier les « snipers » qui se sont amusés à faire des cartons sur des innocents désarmés,  dans cet immense stand de tirs qu’étaient devenus les quartiers de Bambéto, Cosa et autres Wanidara.

Et comme, inversement, des membres de ces mêmes FDS ont péri également dans les violences, il est vrai dans des proportions moindres, ceux qui les ont lynchés, en invoquant généralement le droit à l’auto-défense, devraient être recherchés et traduits en justice.

Dans le cycle des manifestations, répressions et affrontements, les habitants de certaines zones de la banlieue de Conakry se sont retrouvées au cœur d’une véritable guérilla urbaine, ce qui a dû pousser plus d’un citoyen à des réactions extrêmes.

Et comme le disait le général de Gaulle : « la guerre c’est comme à la chasse. Seulement, à la guerre les lapins aussi tirent »!

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