« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester ». Pasteur Martin Niemöller (1892–1984).
Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, tous briguent la magistrature suprême du pays étaient insensibles quand leurs adversaires politiques -et non moins compatriotes- avaient été délogés manu militari par le CNRD. Ils n’ont pas rappelé la légalité des baux dont jouissaient des citoyens dont l’épouse de Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale ou même de Mounir Cissé, ancien DGA du patrimoine bâti public. Nos deux hommes qui prétendent défendre demain le citoyen ont attendu qu’ils soient eux-mêmes visés par l’opération de « récupération des biens publics et privés de l’Etat », pour nous rappeler que les affaires devraient être réglées par le droit. Très belle approche chers messieurs qui, si vous l’aviez conseillée en faveur de vos compatriotes, aurait montré le degré très élevé de votre bonne foi et de votre capacité à vous mettre au-dessus de la mêlée. Hélas !
Les réactions de nos deux hommes politiques intriguent et nous fait douter quant à notre avenir. Surtout quand celui qui est le plus proche du pouvoir nous enseigne que « la morale ou l’éthique ne règle pas les problèmes ». Une façon de reconnaitre dans des mots à peine voilés que le processus d’acquisition de la villa de Dixinn à laquelle il tient comme à la prunelle de ses yeux, est légal mais immoral. Et qu’il se foute éperdument de la morale. Aie ! Et pourtant toutes nos activités ne pouvant être codifiées -le droit lui-même n’est-il pas de la morale codifiée ?-, c’est la morale ou l’éthique qui permet de combler le vide.
Autrement dit, si dans la législation guinéenne il n’est pas interdit à un premier ministre de racheter une maison qu’il occupe, ou à un premier ministre de »déshériter » un orchestre national [le cas de Sidya] ; il est cependant immoral de profiter de sa position pour racheter un bien qu’un citoyen ordinaire ayant les mêmes moyens n’aurait pas pu. Comprenons nous sur des termes : Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo doivent défendre la légalité du processus d’acquisition devant les tribunaux ordinaires.
Mais leur éthique elle, est jugée devant le tribunal du peuple qui sait dorénavant qui est l’homme qui demande sa voix pour le diriger. Elu, quelle décision celui qui se fout de la morale prendra dans une situation où la loi est muette ? En tout cas pour paraphraser un ancien président occidental, « sans principes [éthique], la politique devient un jeu de minables ».