Par Youssouf Sylla. Par l’immense place qu’elle occupe depuis quelques jours dans les médias internationaux, l’invasion de l’Ukraine par les forces armées russes montrent à quel point les relations internationales sont depuis longtemps le lieu de manifestation d’un monde dangereux. Certaines autres tragédies passées et présentes dans le monde, n’ont pas autant inondées ces médias, soit par l’effet de la distance émotionnelle, soit par le moindre intérêt que ces conflits suscitent auprès des puissances de ce monde.
Les relations internationales empruntent en effet, beaucoup aux relations entre les animaux dans la nature. On peut comparer un Etat à l’individu d’une sous espèce animale appartenant à une sous-région comme la Cedeao. La réunion des sous espèces animales forme une espèce comme la réunion des sous régions africaines forme la région africaine, incarnée par l’Union africaine. Le même raisonnement peut être appliqué dans les autres parties du monde. Finalement, la réunion de différentes régions forme un monde représenté par l’Organisation des Nations Unies, comme la réunion de différentes espèces animales forme une race.
Entre les Etats (les individus), les sous regions (les sous espèces) et les régions (les espèces), se nouent différentes interactions dans le monde qui se caractérisent, comme dans le règne animal, par la complémentarité, lorsque les intérêts sont convergents, la rivalité lorsque les intérêts sont divergents, et la guerre lorsqu’ils sont inconciliables.
La défense d’une idéologie et le besoin de protection physique du territoire et de survie économique, conduisent individuellement et collectivement les Etats à former des organisations ou des alliances correspondantes. Si la défense des intérêts d’un Etat ou d’un groupe d’États rentre en contradiction avec ceux d’un autre État ou d’un autre groupe d’États, il est possible, sur l’arène internationale, de régler cette divergence par deux voies principales : la première est la négociation et le droit international accepté par les acteurs en situation de conflit. Cette voie est uniquement propre aux États, composés d’êtres intelligents et non aux animaux du monde sauvage.
En ce qui concerne la seconde voie de règlement, les États l’ont en partage avec le monde sauvage. C’est la guerre. Dans ce domaine, l’homme est pire que l’animal du monde sauvage. Les moyens de destruction de l’ennemi dont il dispose sont nettement plus grands. Ils incluent les armes nucléaires, moyens de sa propre destruction.
En plus des menaces étatiques, le monde a vu apparaître, sinon prendre de l’ampleur, du moins symboliquement depuis le 11 septembre 2001 lors des attentats commis aux Etats Unis, les menaces émanant d’acteurs du terrorisme. Il s’agit de forces transnationales dont le rayon d’actions ne correspond nullement aux frontières étatiques et qui se considèrent déliées par toutes les règles internationales, qu’ils cherchent d’ailleurs à remplacer par leur propre idéologie. C’est donc une espèce atypique, dotée d’une incroyable capacité de nuisance dans tous les continents.
Les relations internationales sont donc le lieu du pire, car certains Etats et les organisations terroristes recourent à la guerre pour imposer leurs volontés.
C’est aussi le lieu du meilleur, parce que de nombreuses autres confrontations entre les Etats sont gérées voie de diplomatie et de droit.
Pour vivre dans ce monde qui fluctue entre paix et guerre, un Etat doit se donner les moyens de ne pas être la proie des prédateurs. Cette leçon est valable pour les Etats africains qui ont toujours été les maillons faibles de la chaîne internationale. On voit par ailleurs qu’en Europe par exemple, le retour de la conflictualité pousse ces derniers jours l’Union européenne à renforcer ses capacités de défense. Mais, il est fortement à craindre que le retour au militarisme ne relance de nouveau, comme au temps de la guerre froide, la course aux armements dans le monde.