L’affaire de surfacturation au préjudice de la CENI, opposant l’Etat guinéen à Mohamed Kébé et Facinet Camara s’est poursuivie, mercredi 20 avril, devant la Cour de répression des Infractions économiques et financières (CRIEF).
L’audience du jour a porté sur l’audition de Facinet Camara, le seul accusé présent. L’autre, Mohamed Kébé, serait en traitement en Côte d’Ivoire. « Il était en voyage bien avant le début de la procédure », a précisé son avocat.
Facinet Camara, de l’agence Flavio Voyage, appelé à la barre a dit ne pas reconnaître les faits de « blanchiment de capitaux, enrichissement illicite, corruption » qui lui sont reprochés.
A la question de savoir s’il a des témoins pour corroborer ses faits ? il a dit avoir au moins « 80 témoins qui ont voyagé sur le document et qui sont des cadres de la CENI ». Le juge lui a signifié qu’il peut solliciter leurs comparutions en cas de besoin.
Entrant dans le vif du sujet, le juge a tenu à savoir si le prévenu savait les raisons de sa présence au tribunal ? « Je ne sais pas réellement pourquoi je suis là. Sinon moi j’ai eu un contrat avec la CENI pour émettre les billets pour 80 missionnaires … J’ai fait des billets avec monsieur Kébé qui m’a préfinancé à hauteur de 2 milliards, parce que je n’étais pas prêt financièrement », a-t-il déclaré.
Qu’est-ce qui le lie à Mohamed Kébé ? « Il a été mon patron pendant 7 ou 8 ans, avant que je ne crée ma propre agence pour voler de mes propres ailes », a-t-il répondu.
Poursuivant, il a signalé qu’après une attente, le paiement de la première tranche du contrat qui s’élève en entièreté à « 3 milliards 409 millions 836 mille 118 francs guinéens » a été fait à travers un chèque qui a été remis à Mohamed Kébé par le CENI et émis au nom de Flavio Voyage et Tourisme.
Et que c’est en ce moment qu’une fois à la banque, Mohamed Kebé, a commencé à lui mettre la pression pour qu’il transfère l’argent qui a été déposé sur le compte de la société vers le compte privé de Mohamed Kébé.
Chose à laquelle il s’est opposé. Parce que, selon lui, il désirait plus de crédibilité pour sa société.
Il a soutenu qu’à son fort étonnement, la somme de 2 milliards a été transférée sur le compte de Mohamed Kébé par la Banque sans son consentement et celui de son agent. Ce qui l’a poussé à constituer des avocats pour porter plainte contre la banque.
Et c’est suite à cela que la banque de son côté a saisi la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF).
Une fois l’affaire transférée, au TPI de Kaloum, Ils ont été mis sous contrôle judiciaire et qu’à la suite d’un accord à l’amiable, il avait payé 1 milliard 900 millions à Mohamed Kébé, comme début de compensation pour le préfinancement des 2 milliards.
Après le questionnement du prévenu par les différentes parties, le procureur a fait remarquer à ce niveau du procès que « depuis l’entame, on parle de gros montants. Mais sans documents ».
Il a par conséquent demandé que la société Flavio fournisse des pièces comptables. Et aussi qu’il soit versé au dossier le contrat liant la CENI à Flavio Voyage pour authentification.
L’avocat représentant l’Etat se mettant dans la logique du parquet a aussi sollicité « la communication de la décharge et du bon de commande émis la par la CENI à l’endroit de la société Flavio voyage ».
Questionné sur la période permettant à son client d’être présent, Me Sidibé, avocat de Mohamed Kébé, a d’abord estimé qu’ils ont été surpris qu’il y ait une ordonnance de renvoi auprès de la CRIEF. Car selon lui, il leur avait été signifié au TPI de Kaloum que l’affaire avait été classée.
Ensuite, il a estimé qu’un délai maximum de trois semaines serait suffisant pour la comparution de son client. Les différentes parties étant d’accord sur l’idée de renvoi, le président du tribunal a renvoyé l’affaire au 11 mai 2022 pour la suite des débats et la comparution de Mohamed Kébé. Il a également ordonné la communication des pièces notamment le contrat de prestation par les prévenus.
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com