La crise de carburant que le pays a connue la semaine dernière a donné lieu à des commentaires et à des interprétations de toutes sortes. D’où la nécessité de rappeler un certain nombre de faits irréfutables et vérifiables pour éclairer la lanterne des Guinéens sur le sujet.
C’est la loi L/2021/0002/AN du 28 janvier 2021 qui a institué le monopole d’importation des produits pétroliers en République de Guinée. Une loi qui a été défendue par celui qui était alors le ministre des Hydrocarbures, Diakaria Koulibaly et votée par l’assemblée nationale présidée par l’honorable Amadou Damaro Camara. Elle a été amendée par la suite et la SONIP a été créée par l’ancien président Alpha Condé le 25 mars 2021.
Malheureusement, de cette date jusqu’au 10 mai 2022, l’Etat n’a pas pu mettre cette loi en vigueur à cause des contraintes liées à sa faisabilité. Il a fallu la création de la Sonap pour que l’Etat guinéen parvienne enfin à importer du carburant à travers leur partenaire Sahara le 10 Mai 2022 Et c’est le lieu de relever que tous les régimes qui ont eu à se succéder ont connu les crises de carburant. Ce serait donc une aberration d’accuser le gouvernement Mohamed Béavogui de tous les péchés d’Israël, à cause de cette crise de carburant que le pays vient de connaître, car c’est loin d’être un fait nouveau.
Jusqu’ici, ce sont les marqueteurs et la SGP qui s’occupaient des importations des produits du pétrole. Les autres structures étatiques n’étaient que de simples régulateurs. Et l’Etat guinéen étant un nouveau client pour les partenaires financiers, de nombreux défis attendent le colonel-président Mamadi Doumbouya et son gouvernement.
C’est le cas notamment de la validation des documents administratifs des partenaires financiers qui, on le sait, doivent mesurer les risques d’un nouveau client qu’est l’Etat. Sans oublier que le coût d’importation a augmenté depuis la crise ukrainienne. La couverture mensuelle est passée de 65 millions de dollars US à 145 millions de dollars US.
Pour bon nombre d’observateurs et spécialistes, il y a lieu de se poser vraiment des questions sur l’inexistence d’un dépôt de stockage adéquat pour faire face à une éventuelle crise.
L’Etat, dans son rôle régalien, doit protéger les intérêts des Guinéens. C’est pourquoi il a été décidé que le monopole du carburant revienne à l’Etat. Ce qui permettra de mettre les marqueteurs nationaux à l’abri des pertes de devises dans les transactions. Leurs intérêts se trouvent ainsi protégés par l’Etat.
Mais vu le contexte actuel, il est primordial que le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, le Gouverneur de la BCRG, et le Directeur Général de la Sonap essaient de trouver un moyen pour garantir le financement lié à l’importation des produits pétroliers par l’Etat et de faire preuve d’anticipation en construisant des dépôts afin que nous puissions avoir une réserve suffisante pour des périodes creuses.
Les réformes dans le secteur pétrolier font incontestablement partie des priorités du colonel-président Mamadi Doumbouya, du CNRD et de son gouvernement. Un secteur qui était littéralement pourri et tenu par un petit groupe engagé dans une course effrénée au gain facile, au détriment de la population. Et c’est ce petit groupe qui continue de se battre dans l’ombre pour mettre les bâtons dans les roues des nouvelles autorités dans le secteur pétrolier.
L’histoire retiendra que c’est sous la transition CNRD, à sa tête le colonel-président Mamadi Doumbouya, que l’Etat guinéen a pu importer les produits pétroliers au mois de mai 2022 depuis la prise du Pouvoir par Le feu Général Lansana Conté. C’est une première.
Par Mohamed DIALLO