Censure

Maître Barry, l’ultime envolée d’un maestro (Par Top Sylla)

Brutale nouvelle que celle de la disparition de Mamadou Aliou Barry. Affectueusement appelé Maître Barry, parce que professeur des écoles et musicien émérite.

On savait, à travers ses posts sur les réseaux sociaux, qu’il était en séjour à Lens (France), et on se disait qu’il y passait des jours heureux auprès de ses enfants et ses petits-enfants. Nous nous imaginions qu’il allait rentrer au bercail bientôt, plein d’entrain, avec son éternel petit sourire, ce visage jovial sur lequel le temps ne semblait pas avoir de prise, son saxophone en bandoulière (puisque l’invention du Belge Adolphe Sax semblait chez lui être un appendice), impatient de renouer avec les soirées féeriques du Conakry by night chez Justin Morel Junior, une autre légende de l’espace culturel guinéen (encore de ce monde heureusement), et ailleurs en compagnie de son groupe, l’African Groove.

Dieu en a décidé autrement. Son rappel à Lui plonge sa famille, le monde des artistes, les mélomanes, ses nombreux admirateurs et tous ceux qui l’ont connu et aimé dans une profonde tristesse.

Qu’Allah soit loué !

Il va nous revenir sans ce sourire qui irradiait la bonne humeur autour de lui, séparé finalement de ses instruments de cuivre et de bois (flûte, saxos ténor, alto et soprano, clarinette…), désormais incapable de faire rire grâce à ce sens de l’humour qui était si développé chez lui.

Mais restera impérissable le souvenir qu’il laisse dans nos cœurs et dans les esprits. Celui d’un homme bon, d’un instrumentiste au talent immense, d’un père de famille (et grand-père) affectueux et prévenant,  de quelqu’un de serviable et d’une grande sociabilité, toujours compatissant devant le malheur d’autrui, présent lors des cérémonies festives ou des événements douloureux (mariage, baptême, funérailles…).

Ainsi va la vie ! On parle déjà de lui au passé. Et dire qu’il y a à peine une semaine, dans un commentaire sur ma page Facebook, il me taquinait à propos d’une anecdote ayant eu lieu à Waterloo.

Rien à voir évidemment avec la défaite de Napoléon 1er ou l’Angleterre du 19e siècle. Juste une mésaventure vécue dans l’agglomération de Waterloo, non loin de Freetown la capitale de la Sierra-Leone. Où, dans une autre vie, jeune guitariste au sein de l’orchestre fédéral de Conakry 1, le Kaloum Star qu’il dirigeait avec maestria, je participais à une tournée dans ce pays voisin. À cette occasion, il a montré ses grandes capacités managériales et géré tout son petit monde avec intelligence et sagesse. Ainsi la tournée connut un franc succès à travers de belles prestations à Freetown, Bo, Kenema, Tongo Field, Koidu (Sefadou) et Mackenie. En dépit de la triste parenthèse du séisme de Koumbia (Gaoual) en décembre 1983 qui nous trouva à Freetown.

Il en sera de même avec celle que le Kaloum Star mènera, au mois de janvier suivant, dans la région administrative de Boffa (aujourd’hui préfecture), en se produisant à Koba, Tamita, Kolia, Mankountan, Douprou, et autres Tougnifili. Son entregent et les bonnes relations qu’il entretenait avec le gouverneur Mohamed Keita, ancien secrétaire fédéral de la fédération de Conakry 1, seront pour beaucoup dans la réussite de la tournée.

Que Dieu ait son âme et lui réserve le Paradis ! A lui, à ceux qui l’ont précédé et qui étaient de ces randonnées inoubliables : le chanteur Sékou Sylla Verel, les doyens Pierre Lopis (saxo),Léno (saxo), Söry (percussionniste), les jeunes bassistes Patrick Faber, Macka Kouyaté, le guitariste Ansoumane Camara Petit Condé… et tous les autres.

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