Hormis l’intermède 2019-2021, les différents régimes qui se sont succédé en Guinée n’ont pas réussi à créer un environnement favorable à une vraie exploitation des mines de fer dans le pays. Toutes les tentatives ont pour le moment donné soit des résultats limités, soit elles sont bloquées en raison de décisions hasardeuses…
Simandou, Kaliah, Nimba, Yomboéli… Lorsque la mine du Simandou a été « découverte » en 1997, la junior RTZ Mining était bien seule dans cette montagne de 117km reliant les localités de Beyla et de Kérouané.
La petite compagnie, qui s’est révélée être une sorte de « cheval de Troie » du géant Rio Tinto, comme ironisait l’ex directeur des affaires juridiques du ministère des mines et de la géologie, Me Momo Sacko (décédé en novembre 2019), a vite cédé le terrain à la compagnie anglo-australienne, qui s’est présentée aux autorités guinéennes, via Simfer SA, en février 2000, pour le renouvellement des permis de recherche (obtenus en Mai 2000, avec une surface réduite à 736km2).
Après quelques anomalies d’ordre administratif, une autre demande de renouvellement des permis sera introduite, en Octobre 2002, avant la signature de la toute première convention minière liée au gisement du Simandou, le 26 novembre 2002, à l’époque de l’ancien ministre des mines, Ibrahima Soumah.
La concession minière sera accordée le 30 Mars 2006, sans qu’une seconde rétrocession ne soit effectuée.
D’ailleurs, toutes les « failles » observées dans le dossier ont permis la signature du décret du 28 juillet 2008 (sous Lansana Conté), rapportant un autre décret de 2006 qui avait accordé les 4 blocs du Simandou à Rio Tinto (la compagnie ne contrôlant depuis lors que les blocs 3 et 4).
Les 2 autres blocs (1 et 2) seront attribués à Beny Steinmetz General Resources (BSGR), avant que n’interviennent des accusations de corruption en 2012, sous l’ex président Alpha Condé.
C’est cette procédure qui va aboutir au retrait définitif de BSGR du Simandou Nord (blocs 1 et 2) et l’ouverture d’un appel d’offre remporté par Winning Consortium Simandou (WCS), en novembre 2019.
Là où aucune infrastructure (1) n’avait été aménagée pendant 22 ans, le groupe WCS a accéléré la cadence dès 2019, résolu à sortir les premières tonnes de fer à l’horizon fin 2024.
Avant la décision de suspension des travaux d’infrastructures (pour les deux entreprises Rio Tinto et WCS), l’aménagement de plusieurs tunnels était bien avancé par le groupe Sino-singapourien (comprenant également des intérêts français et guinéens) et la construction du port en eau profonde – prévu pour l’évacuation du minerai de fer du Simandou – avait avancé à plus de 30%.
« Aujourd’hui, il est question de redémarrer le projet, mais un accord définitif, intégrant les 15% d’actions gratuites de l’Etat dans les infrastructures, alors que les business plans des compagnies ne le prévoyaient pas, ne sera pas facile à obtenir », avertit un spécialiste du droit minier.
En attendant, 15000 employés de WCS dont 11700 Guinéens se retrouvent au chômage technique.
A plus de 600 km du Simandou, la petite mine de Yomboéli, dans la localité de Forecariah (à environ 100km de Conakry) n’a pas été à la hauteur des espérances nourries par les autorités, quand le site a été inauguré par China International Fund (CIF) en juin 2012.
Les premières exportations ont rencontré quelques difficultés et les nouveaux repreneurs n’arrivent pas à s’imposer sur un marché du fer, très concurrentiel.
Une autre mine de fer en jachère, le grand gisement de Kaliah (on parle de 3 milliards de tonnes de réserve de très bonne qualité), au centre du pays, à environ 400 km de Conakry.
Cette mine que l’entreprise australienne Bellzone avait promis de développer depuis juin 2012, n’a toujours rien produit, encore moins exporté.
Enfin, le projet Nimba (environ 900 tonnes de réserves prouvées), repris par High Power Exploration (HPX) en septembre 2019, est entravé par certaines décisions surprenantes et le contexte qui a marqué l’après 5 septembre 2021.
Les responsables de la compagnie qui, selon nos sources, n’arrivaient plus à conjuguer le même verbe que le ministre des mines, Moussa Magassouba, ont dernièrement mis au chômage technique environ 80% de leurs employés. Tout un symbole…
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- La réalisation du Transguinéen, un chemin de fer d’environ 670 km est indispensable pour l’exploitation du Simandou. C’est d’ailleurs le principal point de blocage du développement de ce gisement de classe exceptionnelle depuis 25 ans.
Source: Westaf Mining