Mercredi 19 octobre, l’association des blogueurs de Guinée (Ablogui) a procédé à la publication des résultats d’une étude intitulée: « Les organisations de la société civile guinéenne et la restriction de l’espace civique entre 2019 et 2021. » Par la même occasion, la plateforme nfoulen.org, conçue dans le cadre du projet Nfoulen qui signifie « détache-moi ou libère-moi » a été lancée.
« L’objectif de l’étude était de contribuer à la documentation des défis de la libéralisation de l’espace civique guinéen en lien avec la liberté d’association », a fait savoir Mamadou Alpha Diallo, président de l’ABLOGUI.
Cette étude a concerné les associations, réseaux et plateformes d’associations constitués depuis au moins 2 ans. Ainsi, l’administration exécutive ou le conseil d’administration ont été chargés de répondre au questionnaire. Selon le rapport des résultats, « les deux tiers des organisations ayant participé à l’enquête quantitative (66,7%) existent depuis plus de 5 ans. L’autre tiers (33,3%) est composé de structures ayant une existence de seulement deux ans. 51, 5% d’entre elles ont une couverture nationale contre 48,5% qui ont une couverture régionale et préfectorale ».
Sur le respect du cadre réglementaire, les résultats de cette étude mentionnent que des lois et règlements existent mais avec des lacunes. 78,8% des participants à l’enquête estiment que « les lois guinéennes garantissent suffisamment la liberté de s’organiser, de manifester et de s’exprimer librement en toute responsabilité ».
Sur la protection des OSC (organisation de la société civile), des militants ou des défenseurs des droits humains, l’étude précise qu’entre 2019 et 2021, les autorités ont montré beaucoup d’hostilité envers des OSC, journalistes et activistes des droits humains. Ces hostilités se manifestent par l’atteinte à leurs droits et ou leur intégrité physique, morale et psychologique. Plus de 60,6 %des répondants estiment que les autorités n’ont pas mis en place des mécanismes gouvernementaux et législatifs pour la protection des militants de droits de l’homme et autres lanceurs d’alertes lorsqu’ils sont menacés ou cherchent à obtenir justice.
De la liberté de manifestation : la majorité des répondants (63,6%) pensent que les manifestations de contestation ne sont pas encadrées et protégées par les services de sécurité contre toutes invasions et désordres pouvant entraîner des troubles à l’ordre public.
Sur les entraves à la liberté d’association : pour 75,8% des participants à l’enquête, entre 2019 et 2021, certains OSC ont été empêchées d’accéder aux ressources financières nationales et internationales par les autorités.
Dans le document, des recommandations ont été faites. Au gouvernement : de respecter et de faire respecter les dispositions juridiques liées à l’espace civique notamment le droit à la manifestation pacifique; de réformer le système de délivrance des agréments (à défaut de le supprimer, instaurer un agrément sur une plus grande durée)…
Au système judiciaire : de veiller à l’application stricte des lois régissant l’espace civique ; d’ouvrir des enquêtes sur les cas de violations des droits de l’homme résultant du rétrécissement de l’espace civique entre 2019 et 2021, de sanctionner les dépositaires de l’autorité publique qui entravent l’exercice des libertés publiques, etc.
Au parlement/CNT : de mettre à jour la loi L013 en définissant (à défaut de supprimer) clairement le processus d’attribution et la durée des agréments; d’adopter la loi sur la protection des défenseurs des droits de l’homme.
Aux OSC: de renforcer leur synergie pour promouvoir l’espace civique; de systématiquement exercer des recours en justice contre les cas de violations des libertés publiques ; de sensibiliser les citoyens sur les avantages d’un espace civique ouvert et la nécessité d’abandonner la violence dans l’espace public.
Bhoye Barry pour guinee7.com