Censure

Droit de l’homme/ Le porte-parole de l’OGDH dresse le bilan de l’année écoulée

Le nouvel an est l’occasion de faire le bilan des actions menées au cours de l’année écoulée. En matière de droit de l’Homme, le bilan est assez mitigé. Joint ce mardi, Alseny Sall, porte-parole de l’organisation guinéenne des droits de l’Homme (OGDH) a dépeint le tableau.

Il a tout d’abord fait état des points positifs engrangés pour le compte de l’année 2022. « Je pense qu’il faut commencer par souligner les aspects qu’on pourrait considérer comme étant des progrès qu’il faut mettre sur le compte des autorités de la transition en cours. Un des faits les plus marquants de 2022, c’est l’ouverture du procès dans l’affaire du massacre du stade (28 septembre, ndlr), 13 ans après les faits en présence du procureur de la cour pénale internationale. Pour nous, c’est vraiment quelque chose de très important. Parce que vous le savez, ça faisait 13 ans que nos organisations se battaient auprès des victimes pour obtenir justice dans ce dossier. Donc, je pense qu’il faut féliciter les autorités de la transition par rapport à cet acte et cet engagement politique. Parce que nous on a toujours dénoncé le manque de volonté politique des régimes précédents. Mais évidemment, l’ouverture du procès seulement ne suffit pas. Pour le moment nous suivons avec attention le déroulement du procès; nous apprécions la conduite du procès par le président du tribunal. Mais, nous continuons à être vigilants. Parce que pour nous, ce procès doit servir de leçon à l’ensemble des guinéens, notamment, aux dirigeants actuels. Parce qu’une transition d’abord, c’est une période où tout est fragile, donc il faut faire vraiment attention, tirer des leçons pour éviter les erreurs du passé comme ils l’ont déclaré le 5 Septembre. »

Ensuite, Alseny Sall, a énuméré les résultats peu reluisants qui ressortent de la gestion de la transition par le CNRD. « Je pense que nous avons aussi aujourd’hui beaucoup de préoccupations. Le CNRD a initié beaucoup de choses, notamment, la lutte contre la corruption; les crimes économiques, mais aussi la récupération des biens de l’Etat. Ce sont des initiatives auxquelles nous adhérons. Mais nous déplorons la manière dont la plupart de ces dossiers sont gérés par les services de la justice, souvent en violation du principe de la présomption d’innocence, mais aussi la détention prolongée de toutes ces personnes qui sont présumées innocentes dans des maisons d’arrêt où tout reste à désirer. Il faut faire en sorte qu’au delà des interpellations que les personnes arrêtées et poursuivies bénéficient d’un procès dans un délai raisonnable. »

Avant de poursuivre : « Un deuxième élément qui est encore très grave pour nous, c’est surtout l’interdiction systématique du droit de manifester. Comme vous le savez, le droit de manifestation est garanti par la charte de la transition. Pour nous, l’interdiction systématique de ce droit est une mesure abusive et elle est contraire aux principes contradictoires qui caractérisent toute démocratie. Nous sommes d’accord qu’il peut arriver des moments où on peut interdire une manifestation. Mais tout cela pour nous, doit se faire au cas par cas et motivé. Mais le fait d’interdire systématiquement, est pour nous une manière de vouloir taire les voix dissonantes. On interpelle surtout l’autorité à faire en sorte que ces personnes qui sont pour nous des détenus d’opinion soient libérées. »

Enfin, cet activiste des droits de l’Homme s’est exprimé sur les problèmes observés lors de dialogue interguinéen. « Il y a le fait qu’aujourd’hui aussi il y a un problème de consensus qui se pose sur la gestion de la transition. Il y a une marge importante des acteurs représentatifs de la nation, politiques et sociaux qui ne sont pas d’accord sur beaucoup d’aspects de la conduite de la transition. Le colonel s’était engagé le 05 Septembre, à conduire la transition avec l’ensemble des guinéens de l’intérieur et de l’extérieur. Donc, il faut qu’il crée cet espace qui permettra à tous les guinéens de pouvoir venir autour de la table et donner leurs points de vue. »

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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