Censure

Proxénétisme à grande échelle/ L’incroyable histoire de Moussokörö, kidnappée à Conakry !

C’est une histoire digne d’un film hollywoodien que nous a relatée ce vendredi la famille Kamano. Moussokörö Sia Kamano, élève en 9ème année et âgée de 16 ans s’est vue entraînée dans ce que la famille désigne comme un réseau de « proxénétisme » qui serait géré par une certaine Binta Jalloh, qui contacte les filles sur Facebook.

Elle a été entraînée du lundi à mardi dans cette histoire avant de s’échapper mercredi.

Selon Moussokörö, tout serait parti d’un problème de devoir non rendu. « J’ai rencontré Binta Jalloh sur Facebook. Elle me disait qu’elle voulait me voir. Lundi passé, je suis allée à l’école sans avoir fait mon devoir. On m’a frappé à l’école ; je suis revenue à la maison. Mon frère m’a demandé pourquoi j’étais venue avant 14h ? Je lui ai expliqué. Il m’a aussi frappé. J’ai fui la maison. C’est ainsi j’ai appelé Binta en lui disant que j’ai un problème à la maison. En disant que mon frère voulait me frapper parce que je n’ai pas fait mes devoirs. Il m’a dit d’aller à Bonfi. Arrivée là-bas, elle m’a fait monter dans une voiture où il y avait beaucoup de jeunes filles. Elle m’a dit tu vois, ce sont tes amies ça (…) Elle nous a donné de l’eau à boire. Je ne me suis retrouvé que dans sa chambre. Je lui ai dit la grande, je peux rentrer ? Elle m’a dit non, qu’il faisait nuit. C’est ainsi que j’ai appelé ma sœur à 4h pour lui dire que je suis chez ma grande, je lui ai donné le nom de Binta Jalloh en lui envoyant sa photo. Elle a fait des recherches et m’a dit que c’était une prostituée. Quand j’ai dit cela à mes copines, elles se sont toutes mises à pleurer. »

« Le lendemain, poursuit elle, je lui ai encore dit la grande je peux rentrer ? Elle a retiré nos téléphones. Mais moi, j’ai réussi à cacher le mien. Quand elle m’a demandé le mien, j’ai dit que c’est tombé. Entre temps, j’ai encore écrit à ma sœur pour lui demander comment je pouvais faire. Elle m’a dit de sauter le mur une fois qu’elle serait sortie. Quand elle est sortie, on a sauté. Moi la première, les autres ont suivi. Mais y a une qui est tombée et qui est restée inerte. On ne sait pas si elle est morte ou pas. On a fui. Moi un motard m’a déposé à Prima ou j’ai retrouvé ma sœur » a-t-elle ajouté.

Cette fuite n’aurait pas été possible sans la participation de sa sœur, Fanta Kourouma, qui a pu piéger celle qui retenait Sia. « J’ai pu prendre le contrôle du compte de ma sœur et j’ai pu voir leurs conversations messenger. J’ai envoyé une invitation à Binta. Mais elle ne m’a pas répondu. Je lui ai envoyé une photo en lui disant que j’étais plus jolie qu’elle. Elle a acquiescé, en me disant qu’elle est tout de même ma star. Je lui ai dit que je voulais être comme elle. Elle m’a demandé si je pouvais faire ce qu’elle faisait. Je lui ai dit oui (…) On s’est fixé un rendez-vous qui devait avoir lieu à Sogoyah. J’y suis allée avec des jeunes. Elle était à l’étage, elle m’a vu de loin, m’a appelé en me faisant des louanges sur mon physique, en me disant que je pourrais bien faire partie de ses éléments. Mais elle m’a dit qu’elle a compris que je suis venue avec une intention bizarre. Qu’elle a quelque chose qui lui permet de sentir ce genre de chose (…) J’avais déjà informé ma sœur qu’elle pouvait profiter de ce moment pour s’échapper. Cette dernière m’a appelé pour me dire qu’elles avaient réussi à s’échapper et d’aller la chercher à prima. C’est ainsi que je m’y suis rendue. »

Père de la victime, Tamba Kamano, directeur d’une école primaire de Matam Lido, mène des démarches pour que toute la lumière soit faite sur cette histoire. « Ma fille a été kidnappée le lundi. Très inquiet, j’ai formulé des plaintes que j’ai déposées au commissariat urbain près de moi là-bas à Matam, à la bellevue, à l’OPROGEM et à la DCPJ aussi. J’y ai fait des déclarations. Ils m’ont dit qu’ils sont entrain de travailler. Hier, j’ai pris ma fille, je l’ai envoyée à l’hôpital de Matam, ils m’ont fait comprendre qu’il fallait prendre un de par la loi. Je suis reparti à L’OPROGEM où ils m’ont remis ça. Donc ce matin je compte aller à l’hôpital Ignace Deen. »

Avant de lancer un appel aux parents. « C’est très inquiétant. Je demande à tout un chacun d’être prudent, pour ne pas que d’autres filles soient victimes. Et c’est ça ma lutte maintenant. »

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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