Le projet d’exploitation du gisement du Simandou continue de focaliser l’attention des experts qui estiment que les décisions d’arrêter des travaux d’infrastructures, prises en mars puis en juillet 2022, n’ont finalement servi qu’à retarder « inutilement » l’aboutissement d’un très long chemin vers l’exportation du fer guinéen…
Alors que les tractations se poursuivent pour trouver la bonne formule devant permettre leur relance, le gouvernement guinéen a d’ores et déjà annoncé la reprise des travaux de construction des immenses infrastructures (chemin de fer d’au moins 650 km et port en eau profonde) en mars 2023…
Les nouvelles autorités ont salué l’officialisation de l’entrée du géant chinois Baowu dans le mégaprojet, même si ce dernier a pour le moment validé une « feuille de route non contraignante », qui pourrait donc ouvrir la voie à des négociations, en cas de nécessité.
« Les choses ne semblent pas aussi simples à priori, compte tenu de la difficulté créée par l’arrêt de cet important projet. Il faudra non seulement négocier le pacte d’actionnaires mais également avoir confiance dans les accords qui seront signés », soutient un expert en matière de projets miniers, contacté par WESTAF MINING.
« Le point le plus difficile sera donc de rassurer les partenaires étrangers (Winning Consortium Simandou – WCS – et Rio Tinto) qui, dans le cas de WCS par exemple, avait mobilisé des investisseurs privés, banques, compagnies spécialisées, etc., et respecté son cahier de charges, en dépit de ces incidents (Ndlr : de mars et de juillet 2022) », estime cette source.
WCS a, en effet, engagé de très grands travaux dès après avoir remporté l’appel d’offres international en novembre 2019 (face au géant australien Fortescue) et avait engagé une dynamique qui pouvait achever tous les ouvrages à l’horizon 2024-2025.
Le putsch intervenu en septembre 2021, a favorisé la nomination de personnalités qui ne maîtrisaient pas forcément les subtilités du secteur minier, notamment celui du fer, où on assiste à des cycles qu’il faut savoir saisir.
Récemment, des nouvelles inquiétantes venaient de l’étranger, avec notamment le développement de nouvelles mines de fer « concurrentes au Simandou », en Australie et ailleurs, mais également le ralentissement du boom immobilier en Chine (grand consommateur d’acier).
L’un des principaux atouts de l’immense gisement guinéen est la qualité du minerai (entre 65 et 67% de teneur en fer) qui permet de fabriquer du « green steel » (« acier vert », plus écologique que celui produit dans la plupart des aciéries actuellement).
« L’affaire des 15% d’actions gratuites obtenues par l’Etat dans la société d’infrastructures censé être fondée sur le modèle BOT (Build operate and transfer) a changé les bases du projet. Il sera intéressant de savoir comment tout cela sera résolu, en conservant la confiance de tous les partenaires impliqués dans la Compagnie du Transguinéen (CTG) », affirme notre expert cité plus haut.
Il sera en effet question de donner des gages solides qui permettent à la fois d’absorber l’impact de ces fameuses actions gratuites mais également rassurer les partenaires qu’aucun autre écueil ne viendra perturber la finalisation des infrastructures d’évacuation du minerai (à terme environ 100 millions de tonnes par an). Rendez-vous au mois de mars…
Avec Westaf Mining