Samedi dernier, tambour battant, la junte a relancé les travaux de Simandou qu’elle avait interrompus, sans raison évidente, en juillet dernier. « Une autre grande avancée vers le développement socio-économique de la Guinée », s’enthousiasme le présentateur de la télé nationale.
Un optimisme -béat ?- qui tranche avec une attitude lucide du gouvernement exprimée par le colonel Mamadi Doumbouya himself, chef de la Transition, qui dit attendre « les documents de garantie des maisons mères des partenaires industriels pour le financement du projet Simandou, tel que convenu et prévu dans le pacte d’actionnaires ».
Ces partenaires ont à leur tour, sans nul doute « besoin de plus de garantie pour que jamais les travaux ne soient interrompus pour un oui ou pour un nom, comme ce fut en juillet dernier », commente un connaisseur du domaine.
« En plus, ajout-t-il, il faut faire revenir certains spécialistes soumis à des calendriers très austères ».
En ce qui concerne la levée de fonds, nous partageons ci-dessous, le pertinent article de Westafmining.
La signature, le 8 mars 2023, du pacte d’actionnaires entre Rio Tinto/Simfer, Winning Consortium Simandou (WCS) auquel s’est joint le géant chinois de l’acier, Baowu Steel, et l’Etat guinéen, dans le cadre de la Compagnie du Transguinéen (CTG), constitue une étape cruciale dans la réalisation concrète du projet Simandou. Mais le plus dur sera de lever les fonds, estiment les experts.
L’actionnariat de la CTG, chargée de construction et gérer les infrastructures du mégaprojet, se présente comme suit : 42,5% pour Rio Tinto/Simfer, 42,5% pour WCS et 15% d’actions (gratuites et non diluables) pour l’Etat guinéen.
Si les détails précis des différents contrats qui ont permis ce dénouement ne sont pas encore révélés, certaines sources estiment qu’il faudra suivre à la loupe le rythme de décaissement des fonds nécessaires au développement du gisement de fer qui suscite tant de fantasmes.
Pour le moment, les lignes fondamentales qui ont été maintenues dans les précédentes conventions se limitent au contrôle des blocs 1 et 2 du Simandou Nord par WCS et des blocs 3 et 4 du Simandou Sud par Rio Tinto/Simfer.
Une information publiée par Africa intelligence, un organe de presse qui traite de l’actualité africaine soutient qu’il y aurait des « réticences » de WCS et Rio Tinto/Simfer, les deux groupes impliqués dans le CTG, à débourser les 500 millions de dollars USD nécessaires à la relance des travaux, en faveur des groupes d’entreprises de BTP comme China Railway Construction corp (CRCC)…
Si cette information était avérée, elle indiquerait à elle seule toute la difficulté des parties prenantes au CTG à avancer ensemble, sans écueil.
Pour rappel, dans la foulée de l’appel d’offres international remporté en novembre 2019 (devant le géant australien Fortescue), WCS avait débuté et même accéléré les travaux de construction des infrastructures, pour plus d’1 milliard USD (selon nos sources), avant d’être brutalement interrompu par la décision d’arrêt des travaux intervenue en mars 2022 (Ndlr : les travaux de WCS ont finalement repris mais ils ont à nouveau été arrêtés en juillet 2022), sur ordre de la junte militaire qui avait renversé l’ex président Alpha Condé 7 mois plus tôt.
Ce blocage inattendu des travaux qui a plus tard débouché sur la création d’une co-entreprise forcée avec Rio Tinto/Simfer, a surtout affecté les partenaires sino-singapouriens qui étaient les seuls à investir réellement dans les infrastructures (tunnels, port en eaux profondes, tracé chemin de fer, etc.).
Une source proche du dossier à dit à WESTAF MINING que malgré la signature du pacte d’actionnaires « aucun financement n’est garanti par l’accord ».
Cette source s’inquiète d’ailleurs des répercussions qu’un retard de démarrage des travaux pourrait avoir dans les relations entre les différents partenaires, sans compter la perception des populations, de plus en plus impatientes.
Une autre source proche de CTG a dit à WESTAF MINING qu’il est prévu dans le cadre de l’accord que le financement soit mobilisé « par dettes d’actionnaires ».
Le géant chinois de l’acier, Baowu Steel, est certes engagé dans le mégaprojet mais il n’a pour le moment signé qu’un term sheet « non contraignant » – en décembre 2022.
Baowu Steel a toutefois largement les moyens de mener tout seul un projet de cette envergure dont le coût devrait varier entre 15 à 20 milliards USD.
Dans un cas comme dans l’autre, on se demande bien qui va finir par délier les cordons de la bourse pour favoriser la relance des travaux, étant donné que le calendrier actuel, même s’il ne semble pas « réaliste » aux yeux des experts, prévoit que les premières exportations se fassent courant premier trimestre de l’année 2025…
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com