Censure

CRIEF. « Les faits qui me sont reprochés, ne reflètent pas la réalité », se défend Souleymane Traoré

L’ancien patron du Fonds d’entretien routier (FER), Souleymane Traoré, était à la barre, lundi 27 mars, de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), pour des faits de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux.

« Quand j’arrivais au FER, là où je résidais, c’est là-bas je réside encore. L’établissement que mes enfants fréquentent, c’est le même. Il n’y a, à mon sens, aucun changement de mon train de vie », s’est-il défendu.

Il a informé qu’à son arrivée à la tête du FER, son compte épargne disposait déjà d’une somme allant de 2 milliards à 3 milliards, qui selon lui ont été engrangés grâce à des actions bancaires à la BICIGUI, des frais de consultations pour des études, des entreprises dans les secteurs de la recherche à travers des machines détecteurs d’or, de l’agriculture et la location de machines agricoles…

Il a aussi expliqué que 95% du budget du FER étaient répartis entre les maitres d’ouvrages qui étaient chargés de la gestion des projets et que les 5% seulement étaient réservés pour le fonctionnement du FER. Ce que selon lui, ne pouvait pas permettre la corruption.

Avant de soutenir que « les faits qui me sont reprochés, humblement, ne reflètent pas la réalité. Il y a eu énormément de préjugé sur le FER alors qu’il ne l’est pas ».

A la question de savoir s’il a des pièces comptables pour certifier les cadeaux et autres frais de mission dont il a par ailleurs parlé ?

Il a estimé que depuis qu’il a été démis de ses fonctions le 19 janvier 2022 et mis sous mandat de dépôt en février, il n’a pas pu accéder au FER pour avoir ces pièces comptables. Mais qu’il pourrait bien retrouver les éléments pouvant certifier les frais reçus pour les consultations qu’il a menées.

Le juge lui a parlé des comptes dans les livres de la Banque islamique aux noms de Mamady Prince Traoré, avec plus de 400 millions de francs guinéens et Fanta Traoré avec plus de 73 000 euros; ce que Souleymane Traoré a reconnu comme étant des comptes qu’il alimente pour ses enfants à l’aide de ses propres fonds.

« Il serait malhonnête de ma part en tant que Directeur du FER, de dire que de temps en temps je n’ai pas reçu de cadeaux de certains entrepreneurs », ce qui selon lui, relève tout simplement d’une collaboration. En faisant constater que beaucoup d’entrepreneurs qui visitaient le FER, ne le connaissait pas personnellement.

Au Fer, il dit percevoir un salaire mensuel de 21 à 22 millions avec des avantages logements, électricité, etc.  qui sont dans l’ordre de 8 millions, « donc disons 30 millions », a-t-il précisé.

La somme pour l’acquisition du bâtiment du FER d’après lui s’élève à 85 milliards, malgré ce qu’avancent certains témoins. « Les discussions ont commencé sur 135 milliards, j’avais dit que je ne pouvais pas les payer. Et de discussions en discussions, on est tombé sur 85 milliards. Il y a le contrat, il y a le rapport d’évaluation de l’expert aussi », a-t-il précisé.

Une somme qui aurait été prise sur l’excédent de trésorerie dû à l’augmentation de ressources consenties par les partenaires.

Son patrimoine à lui, est, selon lui, composé d’un terrain à Coyah (Doumbouya), une plantation de 12 hectares acquise avec son père à Fanyé (Forecariah), une maison à Siguiri, une maison à Nongo Conakry, une cour commune à Lambangni, Conakry.

Eu égard aux propos de Mamadou Bobo Diallo, président du Conseil d’administration de l’époque, qui à l’instruction, a dit qu’il n’y a « jamais eu de conseil d’administration ayant autorisé l’obtention de ce bâtiment et qui conteste également le montant de 85 milliards », l’accusé a affirmé : « Le président Bobo est quelqu’un que je respecte énormément. Nous avons eu une franche collaboration je pense. Ce que je peux dire, quand les difficultés s’annoncent, la peur du péril peut faire à ce qu’on soit tolérant devant les déclarations des uns et des autres. Ce projet de bout en bout a été discuté non seulement avec ce conseil, mais les conseils successifs. Je peux comprendre au moment où on m’arrêtait, tous ce qui pouvait se dire dans la cité que chacun puisse avoir peur pour sa tête. C’est humain et compréhensif. »

À l’énoncé des mouvements sur ses comptes dénoncés par la CENTIF, l’accusé et ses avocats ont déclaré ne pas être en possession de ces documents. Ils ont demandé que l’audience soit renvoyée pour leur permettre de prendre connaissance desdits documents.

Le juge a renvoyé l’affaire Au lundi 3 avril 2023.

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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