Il faut tout de suite faire remarquer que la coordination des Fulbhè et Haali Pular est l’une des rares, pour ne pas dire la seule, organisations ethniques imposées à la République ; les autres -coordinations de la Basse Guinée, de la Haute Guinée et de la Guinée forestière-, étant toutes régionalistes. La nuance est épaisse. La coordination régionale est censée défendre toutes les ethnies qui la composent tandis que la coordination ethnique ne défend que l’ethnie qui la compose. Excusez la tautologie ! Alors pour le salut de la République, doit-on tolérer une organisation ethnique ? Les organisations régionales bien qu’aussi blâmables ne valent-elles pas mieux ?
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La coordination des Fulbhè et Haali-Pular était très active dans les mouvements de lutte contre le 3è mandat notamment d’Alpha Condé. Et comme par une opération du Saint Esprit, elle s’est tue dès après le coup d’état du CNRD. Et pourtant Foniké Manguè et compagnie qu’elle supportait continuent d’être malmenés. Ils sont d’ailleurs en prison et leur organisation dissoute.
On ne sait pas de manière officielle pourquoi la coordination des Fulbhè et Haali-Pular s’est engluée dans un silence assourdissant face aux tueries de jeunes manifestants sur l’Axe sous le CNRD. Mais on sait -et là, de manière officielle-, que son défunt Coordinateur, El. Ousmane Sans Loi, a pendant ce temps, récupéré « ses biens » perdus sous Alpha Condé, et a surtout vu son épouse être nommée ministre.
Ce n’est donc pas idiot qu’Elhadj Alsény Barry qui a aussi des « biens à récupérer » et peut-être des hommes à placer, qu’il se batte comme un beau lion pour récupérer la coordination des Fulbhè et Haali-Pular. On pourrait appeler cela, de l’intelligence économique !
Brouille
El. Ibrahima Onathol qui revendique comme Elhadj Alsény Barry, la Coordination par intérim des Fulbhè et Haali-Pular argumente qu’il a été décidé par trois Diwé -Labé, Timbi et Timbo-, de donner la Coordination par intérim à Labé, donc à lui. Le hic ? C’est de vouloir revivre et donner de la voix à des organisations qui datent du 18 è siècle. Et s’il faut revivre cette réalité, il va falloir rappeler que le Foutah théocratique avait 9 Diwé (provinces). Pourquoi alors trois choisiraient pour 9 ? Par ailleurs, si le Coordinateur est une sorte de chef, dans le Foutah d’avant colonisation, le pouvoir était basé à Timbo. Et donc par ricochet, un ressortissant de Timbo devait être ad vitam æternam, président de la Coordination des Fulbhè et Haali-Pular. Ce qui de nos jours est surréaliste. Le Foutah théocratique était un état islamique bien organisé dont les respectables institutions ne devraient être réchauffées trois siècles après, pour servir des intérêts éminemment privés. Qu’à cela ne tienne, la succession de El. Ousmane Sans Loi a mis à nu la brouille que lui a pu taire par sa forte personnalité modelée par un pouvoir économique énorme.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com