Le dossier Oyé Guilavogui a été renvoyé au 19 avril 2023 par la chambre de jugement de la CRIEF ce mercredi. Le juge a ordonné la comparution des anciens ministres d’Alpha Condé : « Kerfala Yansané, Mamadi Condé dit Tales, le représentant de Huawei, un représentant du ministère des postes et télécommunications ayant connaissance de l’affaire de la Sotelgui. »
Cela pour répondre à une demande faite par la partie civile qui estime que cela pourrait permettre de mettre la lumière sur le détournement de la somme de 50 millions de dollars, destinée à la relance de la Sotelgui.
Le juge a également demandé à l’accusé (Oyé Guilavogui) de : « fournir les pièces justificatives de ses propriétés, les relevés bancaires, les statuts des sociétés ».
Quant au projet présidentiel de reboisement, il a affirmé que les fonds venaient du budget national, du fond forestier, de la direction nationale des eaux et forets, plus le cabinet.
Au cours de cette journée de débats houleux entre l’accusé et ses accusateurs, la question du procureur demandant à Oyé de justifier le décaissement des fonds destinés au reboisement, ce dernier a répliqué en ces termes : « ce n’est pas à l’ordonnateur de le justifier. Il y a une direction financière et administrative. Et tous ces documents existent à ce niveau ».
Le procureur, évoquant le conflit d’intérêt qui peut découler du fait d’être un agent public et entrepreneur, a demandé à l’accusé s’il n’y trouvait pas de problème. « Ce n’est pas du tout grave. Du moment que les sociétés Élite conseil et EGECO construction ont arrêté de fonctionner aussitôt que j’ai été nommé ministre en 2011. C’était à la demande du Président de la République, parce que c’était incompatible. Je me disais que le jour que j’allais sortir du gouvernement, j’allais continuer » s’est défendu Oyé Guilavogui.
Le procureur a, pour sa part, fait la liste de ses comptes dans les différentes banques. A cet effet, Oyé Guilavogui a reconnu avoir : « deux comptes en devise et un en francs à la banque maroco-guinéenne ». Il a nié avoir un compte à Sky Bank, mais reconnu avoir, « deux comptes à la société générale, le premier en dollars et l’autre en francs guinéens » mais aussi « deux comptes à Ecobank oui, l’un en dollars et l’autre en francs ».
L’accusé a aussi nié avoir un « terrain à Kobaya » avant d’expliquer que son, « terrain de Kipé a été acquis en 2012, dans les mains du vieux Doumbou, le patriarche des Bagas à Kaporo. C’était presqu’une donnation. Parce que je lui avais moi même offert un terrain. »
Un autre avocat a demandé à l’ancien ministre de fournir les états financiers de ses sociétés. Celui-ci a expliqué qu’ils (les états financiers, ndlr) ont « été consumés à son bureau au laboratoire des géo-mines de Coronthie en 2011. »
L’avocat a estimé que le prévenu pouvait reproduire ces documents. A ce niveau Oyé a rétorqué qu’étant en prison, « je ne peux pas produire ces documents. Vu que les directions ont changé, les bureaux avaient brûlés… quand un avocat se présente là-bas, ils ne vont même pas le regarder. La liberté pourrait me faciliter de retrouver ces documents. »
Me Amadou Baben Camara, revenant à la charge a voulu savoir le rôle joué par Oyé dans le cadre de la compagne du RPG-Arc-en-ciel.
« Je n’ai jamais financé une campagne politique. Répond-t-il. C’est parce que les politiques ont vu mon degré de sociabilité surtout dans ma ville natale. D’ailleurs je ne réponds plus à aucune question sur la politique. »
En prenant la parole, Me Salifou Béavogui a fait remarquer à la cour que son client est en prison depuis maintenant un an. Il a signalé le retard dans le traitement des demandes faites par la partie adverse. Alors que selon lui, c’est aux poursuivants, notamment la partie civile et au parquet d’apporter des preuves.
Il s’est aussi référé au fait que tous les autres ministres qui ont remplacé Oyé Guilavogui à la tête des départements qu’il a gérés, ne soient pas à la barre comme lui. Ce qu’il apparente à de « l’acharnement ».
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com