« Inna lillah wa inna ilayhi raaji’uun » (Traduction : C’est à Dieu que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournons) est une merveilleuse formule bien connue des musulmans. Parce que – on ne le sait que trop – la mort frappera un jour à la porte de chacun d’entre nous…
Un communiqué d’une maladresse stupéfiante a transformé le décès d’une très grande dame, feu Hadja Djèné Kaba, épouse de l’ex président Alpha Condé, en une polémique qui n’avait pas lieu d’être dans un contexte africain, même dans nos pires cauchemars. Ailleurs, les ennemis les plus farouches parviennent toujours à prendre de la hauteur face à la mort et à la douleur que la grande faucheuse impose à tout être vivant.
Confronté à la fin d’une vie, il ne devrait plus y avoir d’ennemis, plus de ressentiments, plus de divisions, plus de riches ou de pauvres, plus d’aristocrates ou de roturiers, plus de pouvoir ou d’opposition, plus de goût pour les futilités, les choses matérielles et notre vanité ici bas, bref la disparition d’un être cher est censé nous ramener à notre dimension humaine.
Et la réaction naturelle d’un époux qui, après Le Bon Dieu, est le premier responsable de la dépouille (mortelle), est d’écarter ceux qui n’ont même pas voulu lui présenter des condoléances.
Dans notre culture (quelle soit musulmane, chrétienne ou animiste), présenter les condoléances est un geste qui nous grandit naturellement ; ignorer ce minimum nous avilit et nous impose le fardeau du jugement de l’opinion et parfois de la honte.
Ceux qui ont eu la “géniale” idée de faire un communiqué a minima pour éviter de présenter directement des condoléances à l’ex chef de l’Etat guinéen sont les seuls véritables responsables de la polémique qui sévit actuellement autour de la dépouille d’une femme qui a vécu discrètement et qui s’en est allée sur la pointe de pieds.
Ce genre d’erreur étonnante, symbolisée par le fameux “message de condoléances” qui a mis le feu aux poudres, ne devrait plus se reproduire
Et la réaction naturelle d’un époux qui, après Le Bon Dieu, est le premier responsable de la dépouille (mortelle), est d’écarter ceux qui n’ont même pas voulu lui présenter des condoléances.
On pourrait bien entendu discuter des termes employés pour manifester sa colère face à une attitude incompréhensible, mais il sera très difficile de défendre ceux-là qui ont décidé d’ignorer, dans un message solennel d’hommages et de condoléances, le mari d’une défunte.
Dire qu’on en est réduit désormais à emprunter un chemin détourné (Ndlr : finalement Paris-Istambul-Bamako-Kankan), pour procéder à l’enterrement d’une dame, certes éprouvée par la perte brutale du pouvoir, mais qui a lutté ces 11 dernières années, pour sa santé propre, mais également pour celle des femmes et des jeunes filles !
Ce genre d’erreur étonnante, symbolisée par le fameux “message de condoléances” qui a mis le feu aux poudres, ne devrait plus se reproduire tant il est vrai que les hommes vivent en société, commettent des impairs, s’aiment ou se détestent, se congratulent, se jalousent voire se trahissent ; il peuvent être coupables de fautes difficiles à pardonner – matérialisées par des actes ou des paroles -, mais perdre son humilité devant l’ange de la mort ne saurait soigner la conscience d’un être humain.
Evidemment, pour nous consoler, nous pourrons toujours dire que nous ne sommes que des mortels avec nos faiblesses et nos émotions, même si ce n’est pas une raison suffisante pour perdre notre esprit républicain.
En des moments aussi éprouvants, était-ce si difficile de dire simplement : « Toutes nos condoléances au Pr Alpha Condé, à sa famille, parents alliés, à ses proches et au peuple de Guinée. Que l’âme de la défunte Mme Condé Hadja Djèné Kaba repose en paix » comme l’ont fait ses ex opposants farouches comme Sidya Touré ou Cellou Dalein Diallo ? Qu’Allah nous pardonne !
« Inna lillah wa inna ilayhi raaji’uun »…
Oumar Camara (L’Indépendant)