« Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit » (art. 19, Déclaration universelle des Droits de l’Homme).
Suite à une levée de boucliers des journalistes guinéens, le 26 mai dernier, les émetteurs du groupe de presse AfricVision lui ont été restitués par l’ARPT (Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications), le brouillage des ondes des radios (Djoma FM et FIM FM) a cessé et la restriction imposée aux principaux sites d’information a été levée. Quelques jours auparavant, les internautes avaient poussé un ouf de soulagement en constatant qu’ils pouvaient à nouveau accéder aux réseaux sociaux, tels Facebook et WhatsApp jusque-là bloqués.
Il faut dire que ce combat mené avec détermination par les journalistes était loin d’être une sinécure.
Parce qu’en face il y avait un certain Ousmane Gaoual Diallo, ministre des Télécoms et surtout porte-parole du gouvernement qui avait, au début de l’affaire, juré sur tous les saints que les services relevant de son département n’avaient rien à voir avec les actions liberticides lancées contre la presse dans un contexte de tensions politiques.
Au sortir d’un Conseil des ministres, il avait déclaré sans sourciller et avec une certaine arrogance : « ce n’est pas l’ARPT qui gère la connexion internet en Guinée mais plutôt la GUILAB (la Guinéenne de large Bande ndlr). En temps réel, nous savons si une panne survient et qui fait en sorte qu’il y a une restriction des capacités, cela arrive. Sauf que dans notre pays chacun y va dans son commentaire, on aime lier tous les évènements et chacun y va en conjecture pour raconter ce qu’il veut. Nous savons parfaitement ce qu’il y a. Je vais vous dire simplement que si le gouvernement prend la décision de fermer internet (Facebook, WhatsApp), il le fermera et il assumera les conséquences ».
A propos des émetteurs enlevés, il lancera : « nous avons été surpris d’apprendre des allégations affirmées par un média de la place, Sabari fm, d’une certaine usurpation de leurs locaux des agents qui se réclameraient de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT). Jusqu’à preuve de contraire il n’y a aucune once de vérité dans ça. Nous attendons aussi que le média en question nous apporte les éléments dont il dispose pour corroborer ses informations ».
In fine, contrairement aux dires de l’ancien « droneman » de l’opposition, c’est bien l’ARPT qui va rendre les émetteurs dérobés à AfricVision. Et quant aux restrictions il sera établi qu’aucune panne n’a été mise en évidence, d’ailleurs la Fédération syndicale autonome des Télécommunications a battu en brèche la thèse brandie par l’inénarrable ministre Ousmane Gaoual.
En un mot ou en quatre, ce n’est pas la première fois d’ailleurs, l’ara (le perroquet si on veut) du gouvernement a été pris les doigts dans le pot de confiture d’un mensonge d’Etat ! Au cœur d’une transition qui semble être elle-même en pleine déconfiture.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com