Les dirigeants de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) semblent se prendre pour les rois du monde en s’octroyant des indemnités extravagantes. Pendant que le gouverneur Karamo Kaba, prétendant vouloir refonder l’État, met en œuvre des mesures budgétaires mesquines, le Conseil d’administration – composé de neuf membres bienheureux – se gave d’une indemnité mensuelle forfaitaire de 303 millions GNF, soit plus de 3,6 milliards de GNF par an, depuis novembre dernier. Et ce n’est pas tout, le gouverneur lui-même, ce génie de la vertu budgétaire, se tape la coquette somme de 47 millions de GNF chaque mois.
Cela ne peut être que légal, clame Me Daouda Diaby, directeur des Services juridiques et de l’Organisation de la BCRG. Évidemment, pourquoi s’encombrer de lois quand on peut simplement s’accorder soi-même de généreuses indemnités ? Après tout, l’article 67 des statuts de la Banque centrale – datant de juin 2017 – stipule simplement que les membres du Conseil d’administration ont droit à « une indemnité dont le montant est fixé par le Conseil d’administration ». Rien de plus, rien de moins. Autrement dit, ils peuvent se gaver autant qu’ils le souhaitent ?
Mais ne recevaient-ils pas déjà des « jetons de présence » de 10 millions GNF par membre lors des sessions (et il y en a au moins deux par an), ainsi qu’une aide médicale annuelle de 5 000 dollars US ? Eh bien, il semblerait que ces avantages ne suffisent plus à satisfaire leur appétit insatiable. Maintenant, ils se sont octroyés ces nouvelles indemnités mirifiques.
Le gouverneur Karamo Kaba, qui prétendait préférer une humble Micra à un 4×4 insolent pour afficher une certaine sobriété, ne doit pas rougir devant son compte bancaire bien garni, agrémenté de tous ces avantages ainsi que de son salaire de gouverneur et d’autres bénéfices liés à sa fonction. La modestie a ses limites, après tout.
Pendant ce temps, le personnel de la BCRG se plaint de perdre chaque jour des avantages. Les missions sont rejetées arbitrairement, les primes ne sont plus proportionnelles aux salaires comme auparavant, les évacuations sanitaires pour les cas de maladies graves ne sont plus accordées et ainsi de suite. Mais qui se soucie du personnel quand les dirigeants sont trop occupés à se remplir les poches ?
Il est grand temps que la Banque centrale se rappelle qu’elle est censée servir l’intérêt public, et non les intérêts égoïstes d’une poignée de privilégiés. Quoi qu’il en soit, tant que les indemnités continueront de pleuvoir sur eux, ces dirigeants de la BCRG pourront dormir sur leurs montagnes de billets, sans se soucier des conséquences de leurs actions.
Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com