Je ne comprends pas tout à fait le sens de cette tribune colorée qui parle de « valeurs » tout en faisant dans l’amalgame. Que son auteur parle de vanité avec tout cet aspect bling bling, images sur Facebook, et qu’il faut savoir rester « humble » même dans le triomphe, passe encore. Mais c’est une question de feeling et les êtres humains sont ce qu’ils sont. Car dans une situation pareille, les bonnes questions sont : est-ce que Soul Bang’s gagne honnêtement sa vie et ses moyens ? J’imagine que oui. Est-ce qu’il a le droit de faire le cadeau qui tient le plus à cœur à sa femme quel qu’en soit le prix ? Je pense que oui. Est-ce que tous les hommes peuvent avoir les mêmes moyens et les mêmes ambitions dans la vie ? Cela est impossible à mon humble avis, car même le Bon Dieu a introduit de subtiles différences entre nous (capacités cognitives, opportunités, naissance, héritage, chance, destin, caractère, etc.).
Aussi, est-ce que Soul Bangs, avec ses albums et ses tournées n’a pas les moyens d’offrir 10 000USD à sa femme (encore que je crois qu’un Range Rover peut coûter beaucoup plus cher que ça, -à moins qu’elle soit de 2è main !) ? Je ne suis pas sûr qu’il n’en ait pas ces moyens. Est-ce qu’il y a un lien entre l’histoire d’un chanteur talentueux (Grand prix RFI) et celle de l’ex ministre guinéen des mines Mahmoud Thiam qui, faut-il le souligner, a été au cours de sa carrière vice-président d’UBS, ce qui lui garantissait des revenus largement au-dessus des moyens du commun des mortels ? Non. Cette manière de relater et de rapprocher des cas différents, même en s’efforçant de tirer par les cheveux, doit donner à réfléchir sur les motivations réelles ou probables de l’auteur de ce papier.
Oui, l’accumulation de biens matériels ne rend pas une personne « riche » – tôt ou tard, on abandonnera tout ici-bas et on retournera à notre condition humaine, c’est à dire nu comme un ver de terre et sans aucun moyen de s’aider soi-même. Adieu comptes bancaires, immeubles, voitures, femmes, maris, honneurs, dont on a tant profité ! Même la prière mortuaire ou les incantations sur notre dépouille seront prononcées par d’autres !
Bref, sur terre, nous ne conserverons plus que nos bonnes actions et c’est en général la qualité de notre âme qui fera que les êtres humains nous regrettent et se souviennent de nous en bien…
Mais comment empêcher la vanité, les futilités, l’extravagance, le besoin de reconnaissance, etc. ? A-t-on le droit de juger les gens sur leur apparence, leur attitude (même si avec nos propres lunettes on pourrait la juger « superficielle ») et leurs possessions ? Peut-on reprocher cela à des artistes bien connus dans le milieu du show-business ou l’apparence compte très souvent ? Qui sommes-nous pour juger et faire des comparaisons tirées par les cheveux ? Pourquoi nos propres efforts ne devraient-ils pas nous procurer liberté et plaisir ? Même dans les pays communistes purs et durs, l’élite a compris que l’idée selon laquelle on peut maintenir la philosophie marxiste, à savoir « à chacun selon ses besoins », n’est qu’une chimère. Une des plus grandes sagesses serait d’abord d’accepter le monde tel qu’il est, d’analyser sa propre situation, s’organiser avec rigueur, honnêteté et détermination, pour façonner notre avenir, selon nos propres aspirations et nos rêves, tout en reconnaissant le droit à chacun d’avoir ses propres ambitions. Evidemment, cela veut dire que, dans une vie aléatoire où nos croyances diverses nous poussent à admettre le « destin », rien n’est définitivement acquis. Un autre bon conseil serait d’être juste heureux de sentir que les autres ont le sourire, quel qu’en soit le motif (s’il est mauvais le destin ou le karma se chargera d’eux), au lieu de tenter de se transformer en baromètre de leur vie, parce que tout simplement eux ne voient pas le « bonheur » de la même manière que nous. C’est tellement réducteur et prétentieux pour un être humain qui n’est pas le Bon Dieu ou nos ancêtres – qui nous observent de là-haut – de juger du bien fondé de nos actes ! On ne le sait que trop : dans ce monde tel qu’il est « Nul n’a le droit de dire aux autres ce qu’ils ont à penser »…
Savoir prendre du recul et de la hauteur par rapport au spectacle qui se déroule sous nos yeux est une preuve de grandeur, surtout quand il s’agit de jeunes gens très respectueux et travailleurs (comme Soul Bangs) mais qui ont décidé de se faire plaisir ou tout simplement de s’amuser, surtout sans tendre la main à celui qui les critique. Et pour cela, il est évident qu’ils refusent de céder à la dictature d’une certaine pensée qui veut que Diogène, le fameux philosophe grec qui a refusé tous les honneurs et toutes les « richesses » ici-bas pour vivre dans un… tonneau, revienne sur terre. Lui Diogène ne s’est jamais offusqué du train de vie des « riches » même s’il ne les a jamais imités. Encore une fois, soyons heureux quand les autres sont heureux. Cela nous évitera des céphalées.
Oumar Camara