Censure

« La Guinée n’est pas seulement un scandale géologique mais plus encore, c’est le message que nous portons au monde… », Ibrahima Touré, coordinateur du projet national ‘’Branding Guinée’’

Faire du Branding National une identité remarquable en République de Guinée ! L’option est loin d’être superflue, d’autant plus que le Chef de l’Etat, le Premier ministre et bien d’autres cadres de la galaxie présidentielle ne manquent plus d’occasions pour trouver une place de choix à ce Branding National. Aujourd’hui, toute l’administration est invitée à prendre des dispositions idoines pour aligner cette identité sur tous les documents administratifs dont les pièces d’identité, passeport, permis de conduire, extrait de naissance, certificat de nationalité, carte d’électeur. Une bien belle raison pour M. Ibrahima Touré, coordinateur du projet national ‘’Branding Guinée’’, de nous décortiquer dans cet entretien exclusif, le sens de ce sésame à travers lequel la Guinée sera désormais ouverte et identifiée. Interview !

Le Courrier de Conakry : Le concept ‘’Branding Guinée’’ est un projet national certes, mais en le lançant il y avait forcément quelque chose qui vous a motivé à le faire. Pouvons-nous savoir quelle était cette motivation ?

M. Ibrahima Touré, coordinateur du projet national Branding Guinée : C’est un projet national, activé avec la volonté du Président de la Transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, sous le leadership du ministre directeur de cabinet, qui a mis en place une coordination dont je suis le coordinateur afin de mener à bien cette initiative. Donc, l’objectif, c’est de travailler sur la marque pays, la marque de la Guinée. Il faut dire qu’on a longtemps joué avec l’image de notre pays. Elle a longtemps été écorchée par les médias, la preuve, quand vous sortez hors du pays, on confond la Guinée à la Guinée Équatoriale, la Guinée Bissau, etc., alors que nous sommes le seul pays au monde appelé ‘’République de Guinée’’. Nous sommes un pays pionnier en Afrique quasiment dans tout. Mais paradoxalement, avec le temps, nous sommes passé au deuxième et troisième rang pour aucune raison alors que nous avons beaucoup de choses à vendre au monde. Un exemple : A l’expo de Dubaï, où la Guinée beaucoup était partante négligée, nous avons gagné le deuxième prix de la représentation devant tous les autres pays. Je rappelle que l’expo de Dubaï, c’est comme la Coupe du monde de football des Nations. Donc, si nous avons gagné le deuxième prix, c’est que nous avons quelque chose à vendre au monde. Il était temps qu’on arrête de se négliger.

C’est vrai que quand on parle Branding, souvent on pense au volet touristique, la communication, mais le Branding c’est beaucoup plus profond que ça. Ce sont nos intellectuels, c’est notre potentiel, tout ce que nous avons de fort singulier, qui nous démarque de quiconque dans le monde. C’est vrai, il est aussi culturel, et c’est de parler de notre vision, de ce que nous sommes intrinsèquement en tant que Guinéens. Ce que nous avons été, ce que nous sommes, et ce que nous voulons être aussi, donc de la vision. C’est ce travail que nous sommes en train de faire.

D’ailleurs, nous sommes en train de faire la tournée des ministères et départements, et on se rend compte qu’heureusement il existe un projet comme ça existe. Parce que, par exemple au ministère de la Pêche, on apprend que le poisson guinéen, quand il sort de la Guinée, on ne sait plus s’il vient de chez nous, parce que les autres pays s’en accaparent et dise made in x made in y. Le fait qu’on mette le logo du Branding sur les cartons de poisson venus de la Guinée, ça nous démarque partout dans le monde. Le Konkoé qu’on connait tous, aux Etats-Unis les gens se battent là-bas pour l’avoir parce qu’il est particulier. Mais pour savoir qu’il vient de la Guinée, il faut chercher. Et c’est ce type de problématique que le Branding essaie de résoudre. Voilà donc entre autres, les motivations, pour répondre à votre question.

Il y a quand même une agence chargée des investissements public et privé, il y a aussi l’Office national du tourisme, la Chambre de commerce, tout ceci pour faire la promotion des exportations de nos produits. Alors, quelle peut être l’efficacité de plus d’une initiative comme la vôtre ou bien celle-ci vient en remplacement de ces entités déjà existantes ?

Là, je vous réponds tout de suite, nous ne sommes pas là pour prendre la place de qui que ce soit, nous sommes un projet national qui travaille justement en harmonie avec toutes ces entités. Nous sommes en appui avec eux, nous travaillons avec eux en parfaite collaboration, donc nous ne faisons pas de l’investissement, nous ne faisons pas la promotion touristique, nous ne faisons pas de l’export de produits. Nous avons apporté une marque qui va participer à accompagner l’export à mieux exporter, nous faisons du markéting pour permettre aux investisseurs et à l’APIPP par exemple d’avoir encore des outils qui vont toujours mieux lui permettre d’attirer les gens. Nous mettons en place un mécanisme qui va permettre à l’Office national du tourisme de vendre encore une fois de plus la Guinée.

Le Tourisme, l’investissement étranger, la diplomatie publique et la promotion des exportations, 4 aspects les plus importants de l’image de la nation. A votre avis, quelle est la meilleure pratique pour combiner, afin d’organiser la coopération entre ces 4 aspects ? 

Vous savez, avec le Branding, on s’est rendu compte qu’il était temps. Par exemple l’Agriculture, nous sommes un des rares pays où les gens ne cherchent pas l’eau, nous en avons assez, sinon trop. Il y a des pays comme le Rwanda qui cherchent des terres, et nous on en a beaucoup plus de terre. Mais le problème ce n’est pas de savoir si on a de l’eau et de la terre, mais c’est de savoir est-ce qu’on a les moyens de pouvoir les exploiter.

C’est de dire au reste du monde, que nous ne sommes pas qu’un scandale minier géologique, on est aussi un scandale agricole. Et le markéting de cela, c’est de le dire ouvertement au reste du monde et aux Guinéens mêmes qui sont là et qui, de fois, ne maitrisent pas tout. Par exemple au ministère de la Culture, tout de suite, on vous parlera des différentes cultures particulières qu’on connait, mais on a combien d’îles à votre avis ? On pense tous aux mêmes îles là, 3, 4, 5 ; non, il y en a des centaines mais seulement que ce sont des îles qui ne sont pas habitées.

Le projet du Branding national pourrait-il alors être le principal déterminant du développement social et économique d’un pays comme la nôtre ? 

Bien sûr, ça peut l’être. Avec tout ce que je viens d’avancer plus haut.

Quel sera l’avenir de ce concept de marque national après cette Transition ?

Cela a été notre première réflexion. Parce que si on fait un projet, on le fait pour que ça perdure, on ne le fait pas pour que ça finisse après nous. Non, nous allons mettre des stratégies solides, des actions solides durables, un impact concret.

Avez-vous pensé également à une stratégie de marque pour les villes à l’intérieur du pays ? Une manière de donner une identité à chaque ville et les clés pour mieux se vendre ?

Oui évidemment ! C’est pour cela que le projet est national. C’est pour cela que nous travaillons avec le ministère de l’Administration du territoire, le ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme quand il s’agit de tourisme ; c’est pour cela que nous travaillons avec le ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle et de l’Innovation quand il faut valoriser le savoir-faire. C’est très large.

Alors, monsieur le coordinateur, dites-nous quels sont les leviers sur lesquels vous comptez vous appuyer pour quitter la Capitale et toucher tout le reste du pays ?

On va aller à l’écoute de notre population de Conakry à Zô.

Un dernier mot ?

Je dirai vive la Guinée, vive la beauté de notre pays, un pays qui est pour moi le plus beau au monde. Qu’on continue à croire à nos rêves et que la Guinée fasse rêver et continue à faire rêver parce que c’est à nous de faire en sorte qu’elle continue à faire rêver les autres pays.

Source : Le Courrier de Conakry 

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