Avec tous ces procès en cours et à venir, il est indéniable que les avocats ne vont pas s’ennuyer.
À la CRIEF, il semble de plus en plus difficile de soutenir les accusations portées contre d’anciens dignitaires du régime déchu.
Au tribunal criminel qui mène le procès-marathon de la tragédie du 28 septembre 2009, démêler les fils de cette affaire complexe est également un défi de taille. Les avocats, avec ou sans grande conviction, font preuve d’ingéniosité en utilisant différentes stratégies pour venir au secours de leurs clients.
Il est difficile de prédire quand le procès prendra fin, mais on peut déjà tirer certaines conclusions. Certains accusés risquent de tout perdre, voire de passer le reste de leur vie en prison, tandis que des individus, probablement en grand nombre, qui ont réellement commis des meurtres, des viols et transformé le stade en une immense scène de crime ont de grandes chances de s’en sortir impunis.
C’est triste, et à la lumière de ce qui précède, il ne faut pas se faire trop d’illusions : ce procès risque de ne pas être une occasion d’éloigner pour de bon le spectre de pareilles tragédies à l’avenir.
D’ailleurs, bien après l’ouverture très médiatisée du procès de l’ancien chef de la junte du CNDD et de ses co-accusés, le nombre de citoyens tués par balles lors de manifestations interdites a continué d’augmenter. Sous le règne de l’actuel CNRD.
Chaque fois que l’on assiste aux audiences actuelles, il est difficile de ne pas faire de parallèles. C’est une ironie du sort qui montre que la justice n’est pas toujours rendue de manière équitable.
Quant à l’opinion publique, elle semble déjà avoir rendu son verdict. Elle se base sur le charisme, l’éloquence, l’assurance ou la cohérence de chacun, sans que cela soit nécessairement une preuve de vérité. Le courage dont certains se prévalent et qui suscite l’admiration du grand public n’est pas non plus une vertu. Si les héros en font souvent preuve, il peut également être présent chez les grands criminels.
Ainsi, si certains bénéficient de la faveur de l’opinion, d’autres semblent déjà condamnés à l’avance. Les défendre revient donc à jouer le rôle de l’avocat du diable.
Cette expression signifie défendre un point de vue ou une personne impopulaire, controversée ou critiquée. Son origine remonte au XVIe siècle, lors des procès de l’Inquisition. Un représentant de l’Église, appelé « l’avocat du diable », avait pour rôle de contester les arguments en faveur de la canonisation d’une personne afin de démontrer qu’elle ne méritait pas d’être reconnue comme sainte. Aujourd’hui, cette expression est utilisée de manière plus générale pour désigner quelqu’un qui va à l’encontre des opinions majoritaires afin de susciter la réflexion ou le débat.
En somme, le procès en cours suscite déjà des réactions passionnées et des jugements hâtifs. Il est important de se rappeler que la justice doit être impartiale, basée sur des preuves tangibles et non sur des apparences ou des préjugés. Jouer le rôle de l’avocat du diable rappelle donc l’importance de la présomption d’innocence et de la nécessité d’un jugement équitable.