La phase des plaidoiries et réquisitions est bouclée dans l’affaire impliquant Souleymane Traoré, ancien directeur du Fonds d’entretien routier (FER). Après les plaidoiries des avocats et la réquisitions du procureur qui sollicite deux ans d’emprisonnement dont un an assorti de sursis et le paiement de 20 milliards de francs guinéens, le juge Francis Kova Zoumanigui, a renvoyé l’affaire au lundi 31 juillet 2023 pour rendre sa décision.
Dans sa réquisition, le procureur spécial, Aly Touré a demandé au juge de déclarer Souleymane Traoré : « coupable de détournements de deniers publics, enrichissement illicite, corruption, blanchiment de capitaux et surfacturation. A cet effet de le condamner à deux ans d’emprisonnement dont un avec sursis et à une amende de 20 milliards de francs guinéens, subséquemment, vous confirmerez les saisies opérées en les transformant en confiscation au profit de l’Etat de tous les biens faisant objets de saisies au niveau des différentes banques de la place et aux saisies immobilières opérées en vertu des différentes ordonnances de saisies conservatoires versées au dossier de la procédure… »
Prenant la parole, Me Pépé Antoine Lamah, avocat de l’Etat, a déclaré: « Nous avons entendu plusieurs justifications et explications ici. Mais en réalité, ça ne colle pas, ça ne tient pas la route. » Sur ce, il a sollicité de » retenir monsieur Souleymane Traoré dans les liens de la culpabilité pour les faits poursuivis. Appliquer la peine qui sied suivant les réquisitions du ministère public. Condamné monsieur Souleymane Traoré au paiement de la somme de 10 milliards de francs guinéens; ordonner la validation des saisies déjà ordonnées par la chambre d’instruction sur les avoirs du prévenu et de ses enfants; ordonner la confiscation de ses biens meubles et immeubles; ordonner la confiscation de la caution déjà consignée au greffe; ordonner l’exécution provisoire de la décision à intervenir. »
Après ses avocats qui ont demandé au juge de ne pas tenir compte des sollicitations des autres parties, Souleymane Traoré dit s’en remettre à la sagesse de la cour. « Je voulais dire d’emblée que je m’en tiens humblement à la plaidoirie de mes avocats. Je voudrais dire aussi que je crois en l’idéal de justice et en Dieu. Si je croyais encore être audible depuis deux ans, j’aurais voulu parler non pas de moi-même; mais au nom de toutes les défenses. Tant l’histoire mouvementée de notre pays peut faire des victimes. Mais ce n’est peut-être pas ni le lieu ni le moment. J’ai travaillé toute ma vie, peut-être plutôt que prévu pour le relever. Je sais monsieur le président que ce pays peut se faire du mal à lui-même. Ma famille a été obligée il y a trente ans de reprendre tout à zéro. Peut être que mes enfants y seront obligés un jour. Le seul souhait que je fais pour mon pays, que nous pussions être en paix chacun avec nous-mêmes et que nous ne soyons pas toujours obligés de passer sur cette case là. Revenir sur tout ça, ce serait revenir sur l’histoire de ma famille, qui est aussi la même chose que l’histoire de beaucoup d’autres familles. Ce serait aussi vouloir attirer l’apitoiement sur moi. Mais je suis heureux monsieur le président que les rumeurs; les insinuations; tout ce qui a été dit sur moi et qui peut détruire une famille (…) j’espère que tout cela qui doit s’arrêter à la porte de tout prétoire s’arrêtera devant votre chambre de délibération », a-t-il déclaré.
Avant de poursuivre : « beaucoup de choses ont été dites ici, qui sont énormément des contre-vérités. Mais depuis le début je suis écouté. Mais je suis convaincu que je ne suis pas entendu. Il n’y a pas eu 80 milliards de payés. Mais il y a eu 85 milliards de payés. Toutes les preuves sont au niveau du FER. J’ai acheté mon terrain depuis 2009, je suis dans ma maison depuis 2012, cela n’a rien à avoir avec le FER. »
Abdou Lory Sylla pour guinee7.com