Suite à la XIXè session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), tenue en virtuel, ce 18 juillet, les autorités de la Transition ont décidé de suspendre la participation de la Guinée au sein de l’organisation sous régionale.
Les raisons ? ‘‘Les préoccupations et les intérêts stratégiques de la Guinée ne sont toujours pas pris en compte par ladite organisation, depuis sa création’’, dénonce le communiqué du porte-parole de la présidence du CNRD.
De manière plus détaillée, le Gal Amara Camara cite ‘‘le retard considérable dans le financement du barrage hydroélectrique de Koukoutamba et la sous représentativité (de la Guinée) au sein des instances de décision de l’OMVS’’.
Alpha Condé avait trouvé un financement
Et Ousmane Gaoual, porte-parole du gouvernement, lors du compte rendu du Conseil des ministres, hier, enfonce le clou : « On ne peut pas maintenir les ressources de ce pays en l’état de projet pendant 20 ou 30 ans. Nous avons des besoins énergétiques; c’est une richesse de notre pays. Et comme la quote-part qui est demandée à ces pays-là, c’est marginal. L’essentiel du financement c’est un prêt concessionnel de Exim Bank. Les pays, je crois qu’on leur demande autour de 150 à 200 millions de dollars. Si ces pays-là ne sont pas capables de mettre la main à la poche parce que simplement ces financements là c’est pour des infrastructures connexes, des routes et qu’ils refusent de faire ces développements là, la Guinée prendra ses responsabilités. Si l’OMVS a besoin de notre Énergie, ils doivent mettre de l’argent sur la table pour faire en sorte que le Guinée jouisse de ses ressources naturelles. Donc on n’aura pas d’état d’âme là-dessus. »
En réalité, en ce qui concerne le barrage de Koukoutamba, environ 294 MW, en février 2019, Alpha Condé avait trouvé un financement de 812 millions de dollars à travers la banque chinoise Exim Bank. Et la construction clé en mains du barrage devrait être faite par Sinohydro qui avait remporté l’appel d’offres. Mais certains membres de l’OMVS notamment le Sénégal avaient trouvé le projet non rentable compte tenu notamment du fait que le barrage est « trop enclavé ». Il fallait donc revoir le projet sous le leadership du Sénégal.
On peut alors imaginer que les autorités actuelles de Conakry veuillent réactiver le deal conclu entre Alpha Condé et les Chinois pour se passer de l’OMVS. Mais est-ce la bonne solution, dans un monde où tous les pays ou presque courent vers l’intégration ? Il ne faut jamais oublier que les objectifs de l’OMVS vont au-delà de la production d’énergie. C’est aussi, le développement de l’agriculture irriguée, la navigation…Et qu’il est plus facile à trouver des financements pour les autres projets, à quatre qu’individuellement.
Un Guinéen, Kabiné Komara, haut-commissaire
Sacrée, en 2015 et 2017, meilleur organisme de gestion intégrée des ressources en eaux, à l’échelle du monde, par un Think Tank international dont les avis font autorité, le Strategic Foresight Group, l’OMVS est sans doute une organisation dans laquelle le pays ‘‘château d’eau’’ de l’Afrique occidentale a sa place…
Que dire de la ‘‘sous représentativité’’ de la Guinée ? Notre pays a-t-il toujours été lésé ? Il faut rappeler que Kabiné Komara, ancien premier ministre, qu’on dit proche de la junte au pouvoir en Guinée, a été Haut-Commissaire de l’OMVS de 2013 à 2017. S’il n’a pas pu ‘‘placer’’ des Guinéens sous son mandat, il faut bien attendre notre tour parce que le poste s’y occupe à tour de rôle.
Une Banque de développement multilatérale en projet
Pour rappel, la dernière conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’OMVS avait pour principal point inscrit à l’ordre du jour, la rotation de la Présidence de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement et du Conseil des Ministres. A l’issue de la rencontre, la Conférence a élu M. Mohamed OULD CHEIKH EL GHAZOUANI, président de la République Islamique de Mauritanie, président de la Conférence des chefs d’État et de Gouvernement de l’OMVS, et nommé Mme Bintou Camara, ministre de l’Énergie et de l’Eau de la République du Mali, président du Conseil des ministres de l’OMVS.
Par ailleurs, selon le communiqué officiel, la ‘‘conférence a salué et soutenu l’initiative visionnaire de monsieur Mohamed OULD CHEIKH EL GHAZOUANI, relative à la mise en place d’une Banque de développement multilatérale pour faciliter la mobilisation des ressources pour le développement du bassin du Fleuve Sénégal’’.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com