Censure

Témoignage glaçant de Mamadou B. Sow, rescapé des exactions du 28 sept. 2009

Ce mardi 25 juillet 2023, Mamadou Bailo Sow, un des rescapés des événements du 28 septembre 2009, a raconté sa mésaventure devant le tribunal de première instance de Dixinn délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry.

Selon Mamadou Bailo Sow, pour se sauver des exactions il a essayé d’escalader un manguier c’est en ce moment qu’un, « béret rouge est venu tirer mon pied. Il m’a frappé à la tête en m’adressant des injures grossières. Il m’a frappé jusqu’à ce qu’il a pensé que j’étais mort. Là où j’étais couché, c’est là-bas ils violaient les femmes. C’est dans ce couloir qu’ils les violaient. J’ai vu une grosse dame qui portait un jean bleu. C’est le couteau qu’ils ont utilisé pour déchirer son pantalon. J’ai entendu la femme crier: « woy neenan jaara ».  Ceux qui n’ont pas pu passer, ont décidé de me prendre parce que je n’étais pas mort. Grâce à ça ils pourraient sortir vivants, peut-être. Ils marchaient  vers la commune. C’est là qu’un d’entre eux a reçu une balle dans la tête. Le sang est tombé sur moi. Les trois autres ont continué de me porter jusqu’au niveau de la commune. C’est là qu’ils m’ont abandonné. Les éboueurs qui venaient déposer les ordures m’ont mis dans leur charrette. Ils m’ont envoyé jusqu’à un certain niveau de la route, ils m’ont abonné parce que les militaires tiraient. Un autre groupe de manifestants est arrivé. Ils m’ont pris et m’ont demandé si je retenais le numéro de quelqu’un. Je ne pouvais parler, mais j’ai demandé qu’on me donne un téléphone pour pouvoir composer le numéro. Dès qu’ils ont fini de parler avec mon frère qu’on a tiré sur moi, les tirs ont repris et ils ont fui. Certains sont tombés. Mon frère est revenu plus tard et ils m’ont mis dans la charette et m’ont envoyé dans une clinique chez Dr Sow ».

Vu la gravité de son état se santé il a été évacué à l’hôpital national Donka, où il a suivi son traitement quelques jours. Selon lui, dans son lit d’hôpital il a refusé de saluer Capitaine Moussa Dadis Camara.

« Dadis Camara, était un être humain que j’aimais, je l’imitait même en marchand, je retroussais les manches aussi comme lui. Quand ils ont annoncé que Dadis arrive c’est Toumba qui est rentré en premier, ensuite Boubacar Barry, RTG est mon témoin, quelques instants il (Dadis) est venu doucement comme il a l’habitude de marcher. Il s’est adressé à Condé après il est venu à mon niveau, il voulait me saluer c’est comme s’il savait que je l’aimais. Il (Dadis) est venu me saluer j’ai refusé. Quand il a tendu sa main pour me saluer j’ai retiré ma main du coup il l’a attrapée et il a dit du courage. Et est sorti de cette salle. Quand il est parti, les médecins ont dit que moi je dois rester ici. Ils m’ont pas caché mais ils étaient inquiets pour moi, le Président est venu jusqu’à mon niveau pour me saluer j’ai refusé, si tu accepte il faut quitter ici. J’étais avec mon frère, j’ai dit d’accord il n’y a pas de problème parce que moi j’avais peur comme ils nous ont dit qu’ils étaient venus prendre les corps à la morgue, lui (Dadis), il est venu j’ai refusé de le saluer j’ai dit il faut que je sorte et ils m’ont fait sortir », a-t-il raconté.

Pendant qu’il expliquait ce passage au tribunal, dans le box des accusés, à distance on pouvait voir le Capitaine Dadis pousser quelques sourires.

Bhoye Barry pour guinee7.com

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