Malgré ses incessantes menaces, le leader du parti PASTEF au Sénégal (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) a finalement été emprisonné. Sa condamnation, le 1er juin 2023, dans une affaire sordide de massage où des jeux de mains auraient viré au jeu de vilains, avait déclenché des manifestations enflammées dans le pays, notamment à Dakar et en Casamance.
Par peur des troubles dans la rue ou par stratégie, son mandat de dépôt n’a pas été exécuté et il est resté assigné à résidence. Jusqu’au 26 juillet dernier, où il a été inculpé après avoir arraché le téléphone d’une gendarme, avant d’être jeté en prison pour plusieurs autres chefs d’accusation beaucoup plus graves. Le fait que le procureur ait qualifié cet acte de vol de téléphone lui a valu des moqueries et des railleries sur les réseaux sociaux et dans certains médias.
Pourtant, ce terme convient parfaitement dans cette situation. En effet, arracher de force un objet appartenant à autrui peut être considéré comme un vol, du moins dans la plupart des systèmes juridiques, y compris celui du Sénégal. Le vol ne se limite pas seulement à la prise physique d’un objet sans le consentement de son propriétaire, mais également à l’appropriation frauduleuse d’un bien, que ce soit par la force, l’intimidation ou d’autres moyens illégaux. Et utiliser la force physique pour s’emparer d’un bien ajoute une petite touche illégale à l’acte et peut entraîner des conséquences juridiques plus graves. Bien sûr, il est important de noter que les définitions précises du vol peuvent varier en fonction des législations nationales et des circonstances spécifiques de chaque affaire.
Après l’incarcération d’Ousmane Sonko, un opposant de premier plan et député-maire de Ziguinchor, la colère de la rue s’est à nouveau exprimée, comme prévu. Mais pour l’instant, de manière moins explosive que lors des émeutes de juin.
Deux personnes ont été toutefois abattues dans la ville de Ziguinchor, et deux autres sont mortes à Dakar de manière particulièrement horrible : des individus encagoulés ont arrêté et encerclé un bus de transport en commun bondé avant de le transformer en brasier à l’aide de cocktails Molotov ! Jusqu’à présent, ces engins incendiaires avaient été utilisés pour mettre le feu à des véhicules de police et des voitures privées.
Mais qu’est-ce donc que cet engin facile à fabriquer et si dévastateur ? Et pourquoi lui a-t-on donné cette appellation qui rime avec Popov (un Russe, péjorativement parlant) ?
Eh bien, un cocktail Molotov est un engin incendiaire bricolé en remplissant une bouteille de verre avec un liquide inflammable, généralement de l’essence, et en y insérant une mèche imbibée pour l’allumer. L’appellation « cocktail Molotov » fait référence à Vyacheslav Molotov, ancien ministre des Affaires étrangères soviétique.
Le terme « cocktail Molotov » a été utilisé pour la première fois pendant la Guerre d’Hiver (Seconde Guerre mondiale) en 1939-1940, lorsque l’Union soviétique a envahi la Finlande. Les Finlandais ont utilisé ces engins incendiaires avec une pointe d’humour pour se défendre contre les troupes soviétiques. Ils les ont appelés « cocktails Molotov » de manière ironique en référence au ministre des Affaires étrangères soviétique, qui affirmait à la radio que l’Union soviétique n’était pas en guerre, mais fournissait plutôt une « aide humanitaire » à la Finlande.
Depuis lors, le terme « cocktail Molotov » est resté pour désigner cet engin incendiaire.
Et maintenant, nous espérons tous que la situation au Sénégal va s’apaiser, et qu’au terme des prochaines échéances électorales tout le monde sera à la fête. En dégustant par exemple des cocktails délicieux qui n’évoquent en rien… Un certain Molotov !
Topsy