Voici une publicité gratuite dont les putschistes de Guinée se seraient bien passés à deux jours de l’anniversaire de leur coup d’État, eux qui prônent la vertu comme mode de gouvernance : ‘‘Dans le cadre de l’exécution du marché relatif aux travaux de rénovation, d’aménagement et d’équipements de la résidence de Monsieur le Premier Ministre, la Primature sollicite une dérogation pour passer un marché de gré à gré conformément aux dispositions du Code des Marchés Publics.’’
Bernard Goumou justifie cette dérogation, dans sa lettre du 1er décembre 2022- soit un peu plus de 3 mois après sa confirmation à la tête de la Primature,‘‘par l’urgence liée à l’obtention d’un logement moderne adapté au rang d’un Premier Ministre, Chef du Gouvernement et conformément aux normes sécuritaires. Le montant estimé de la dépense est de 6 107 964 192 GNF avec une durée d’exécution des travaux de trois (3) mois’’.
L’urgence liée à l’obtention d’un ‘‘logement moderne adapté au rang d’un Premier Ministre’’ est questionnée par de nombreux Guinéens qui, hier, le 2 septembre, lisaient cette interview du Premier ministre : ‘‘nous sommes venus pour servir les Guinéens. Nous ne sommes pas venus pour nous servir.’’
Alors question : est-ce servir les Guinéens astreints depuis peu à ruminer leur misère, en engageant des marchés par une autorité chargée de gérer juste une transition pour la rénovation d’une résidence fût-elle officielle à hauteur de plus de 6 milliards ?
Le CNRD (Conseil National pour la Récupération de la Dignité), pardon, (Comité national du rassemblement pour le développement), avait promis aux Guinéens, un nouveau départ, une ère où la transparence, la vertu, et l’éthique seraient les maîtres-mots.
Le moins qu’on puisse dire est que la révélation du marché de gré à gré accepté par le ministre des Finances tombe donc comme un gâteau d’anniversaire de mauvais goût pour les Putschistes qui doivent répondre aux questions de plus en plus insistantes de la population. L’image d’un gouvernement vertueux qu’ils ont voulu se donner s’est fissurée, laissant place à des doutes quant à la sincérité de leurs engagements.
Le CNRD apprend à ses dépens que la vertu n’est pas une cagoule que l’on peut porter à volonté, mais une réalité que l’on doit incarner en permanence pour gagner la confiance du peuple.
Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com
