Les coups d’État en Afrique ont pris une tournure singulière, où les passions politiques se mêlent désormais à des mouvements de danse et autres scènes de liesse dans les rues. Il est indéniable que les auteurs de ces putschs ont le soutien d’une partie de la population, ne serait-ce qu’au sein de l’électorat qui n’a pas voté en faveur du président renversé.
Un exemple marquant est celui du CNRD en Guinée, qui a été acclamé dans les rues du fief de Cellou Dalein Diallo, principal opposant d’Alpha Condé. Certains médias n’ont pas hésité à scander : « scènes de joie en Guinée après le coup d’État » ! Sans se donner la peine de souligner que cette allégresse provenait de l’opposition d’Alpha Condé, ravie de son départ…
Un scénario similaire s’est également déroulé au Niger, où des enfants filmés en gros plan exprimaient leur enthousiasme dans des stades à moitié vides, applaudissant un coup d’État dont personne n’était convaincu quant à ses motivations.
Au Gabon, un petit groupe de militaires porte en triomphe le nouvel homme fort du pays ? L’image est présentée dans un média français comme l’expression de « la joie de la population » après le coup d’État. Ce phénomène se répète presque partout.
Il est important de noter que ce genre de raccourci, bien qu’il soit devenu une sorte de tradition politico-médiatique, a semé également la confusion chez maints spectateurs non avertis. Ces derniers pourraient penser que l’Afrique des coups d’État est en perpétuel festival de danse, tandis que les médias internationaux peinent – peut-être délibérément – à expliquer à leur public que ce ne sont pas tous les citoyens qui se joignent à ces liesses et danses. Ne dit-on pas qu’il ne faut pas confondre la foule et le peuple ?
Alors, la prochaine fois que vous entendrez parler d’un coup d’État en Afrique, préparez-vous à esquisser quelques pas. Qui sait, peut-être serez-vous le prochain à célébrer de manière totalement inattendue et rythmée.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com