Censure

‘‘On n’est plus dans des cas de vols ou de détournements, on est dans le pillage à ciel ouvert’’, dixit Baadiko Bah (UFD)

Mamadou Bah Baadiko, Président de l’Union des forces démocratiques (UFD) était l’invité de Ndimba radio, mardi 19 septembre 2023. La gestion de la transition, les marchés de gré à gré, la prochaine rentrée scolaire sont entre autres sujets abordés.

Ils ont cru devoir disperser un cortège funèbre au gaz lacrymogène. Cela veut dire que plus on avance, moins il y a le changement

« On ne se lassera pas dire qu’on peut tromper le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple, tout le temps. Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est qu’on est très loin des belles proclamations de foi que nous avons entendues le 5 septembre 2021 sur la rigueur, la gestion transparente, toutes les règles éthiques qui s’imposent aux gouvernants, etc. Aujourd’hui, tout ce que nous voyons n’est que la continuité, avec la tentative de rafistolage de l’ancien système corrompu, ethniciste, violent et qui règne par la dictature, par la force et le déni des libertés fondamentales chèrement conquises par le peuple de Guinée. Ce qui s’est passé l’autre jour à Sonfonia n’en était que le symbole, l’illustration de cette situation extrêmement grave. Dans notre civilisation, on n’a pas plus sacré qu’un mort. Mais, ils ont cru devoir disperser un cortège funèbre au gaz lacrymogène. Cela veut dire que plus on avance, moins il y a le changement. Le CNRD jette le masque pour montrer qu’il est là par la force et qu’il a son agenda qu’il déroule tout seul ; ils n’ont pas besoin de la souveraineté du peuple ».

Le CNT est là que pour faire des tournées de propagande et voter des crédits

« Tous les éléments objectifs qu’on a en main montrent que ce chronogramme c’était juste un gadget diplomatique, servi à la CEDEAO, pour éviter des sanctions. On ne s’était pas privé de le dire à l’époque. Ces braves gens sont à l’école de leurs homologues du Tchad, du Burkina et du Mali, tous spécialistes dans ce genre d’exercice : donner un délai et ne rien faire après. Et puis, à l’approche, ils vont dire que vous-mêmes vous constatez que le délai n’est pas tenable. Je vous rappelle que le CNT qui est là que pour faire des tournées de propagande et voter des crédits, ils ont dit qu’ils ont voté un budget jusqu’en 2026. Ça veut dire ce que ça veut dire. Sur le terrain, on ne voit absolument rien qui montre qu’on avance vers un pouvoir démocratique, constitutionnel et issu de la souveraineté du peuple et qui apporte les vraies solutions pour sortir le pays de cette misère ».

La Constitution sera taillée sur mesure…

« Ils sont en avance puisqu’ils n’ont de compte à rendre à personne, ils peuvent dire ce qu’ils veulent. Les médias qui peuvent les contredire sont bannis, en toute illégalité, comme Guineematin et d’autres. Sinon concrètement, on ne voit rien.  Effectivement, du point de vue des textes, ils sont prêts. Les gouverneurs, les préfets sont là et les délégations spéciales sont en train d’être installées partout. Ensuite, il y a des textes qui disent que les chefs de quartier et de district seront nommés par l’Etat. Donc, pour eux, le dispositif est complet. Ne restera que la Constitution dont nous sommes certains qu’elle sera taillée sur mesure… »

Celui qui se sert ouvertement dans les caisses de l’Etat en disant c’est légal, ce n’est plus un voleur, c’est un pillard, un brigand

« Je rappelle qu’on a une trentaine de ministères, mais à ce rythme, on n’est très mal barrés ! Si tous ces ministres-là doivent lancer des marchés de gré à gré pour la rénovation de leurs locaux qui en ont bien besoin, on n’est pas sortis de l’auberge ! Voilà leur priorité à 15 mois théoriquement de la fin de leur mandat ! On ne sait où ils vont prendre tout cet argent, sinon dans les caisses publiques.  Est voleur celui qui se cache pour prendre ce qui ne lui appartient pas. Mais celui qui se sert ouvertement dans les caisses de l’Etat en disant c’est légal, ce n’est plus un voleur, c’est un pillard, un brigand. Il ne compte que sur la force car il s’estime au-dessus des lois. Les choses sont parfaitement claires : ce sont des actes d’autorité. On n’est plus dans des cas de vols ou de détournements, on est dans le pillage à ciel ouvert… »

Les principaux acteurs des Forces vives sont des gens qui ont dirigé la Guinée

« On n’est pas des Forces vives (…). Les principaux acteurs des Forces vives sont des gens qui ont dirigé la Guinée et qui sont responsables de tout ce qui s’est passé ici. Vous avez vu que leur première revendication c’est de fermer la CRIEF, de libérer tout le monde et de ne demander de compte à personne. Est-ce que vous nous voyez en train d’aller défendre ça » ?

L’éducation est totalement dynamitée, elle n’existe plus

« Nous vivons une catastrophe monumentale. En Guinée, l’éducation est totalement dynamitée, elle n’existe plus. Je vous ai donné l’exemple de tous ces instituteurs qui ont payé leur admission aux ENI, alors que certains n’avaient même pas le brevet ! Dans la logique de prouver à tout prix que tout est réglé, on veut nous faire croire que l’éducation est totalement redressée ; ce n’est pas vrai. Il faut une action de très longue haleine pour arriver à sortir de ce désastre monumental. Le problème fondamental également est que l’éducation ne fabrique que des chômeurs et des inadaptés sociaux. Il faut rétablir l’orientation forcée à partir de la 7e année vers l’enseignement technique. Les communautés doivent aussi se mobiliser, le gouvernement ne peut pas tout faire car la tâche est immense. Le ministre Guillaume Hawing fait quand même des choses utiles et intéressantes. Mais la pression politique, on la sent. L’obligation de montrer rapidement des résultats alors que ce n’est pas possible pèse sur le sauvetage l’éducation. Je vous rappelle ce que disait notre cher maitre, le héros Koumandjan Kéita : l’éducation c’est comme une graine que vous mettez à terre et qui ne germera qu’au bout de 25 ans. Lorsque vous être sur le mauvais chemin, vous devez attendre 25 ans avant de le savoir.  Il faut que toute la communauté guinéenne sache que nous vivons une énorme catastrophe ».

Une synthèse de Bhoye Barry pour guinee7.com

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